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CAMEROUN : DES RESTES À PAYER DE 670 MILLIARDS DE FCFA EN 2024

CAMEROUN : DES RESTES À PAYER DE 670 MILLIARDS DE FCFA EN 2024
Bien que ce chiffre marque une diminution de 8,6 % par rapport à 2023, où les RAP s’élevaient à 743 milliards de FCFA, il reste élevé et soulève des interrogations sur la durabilité de la politique budgétaire du pays.

A la fin de l’année 2024, le Cameroun a accumulé des restes à payer (RAP) d’environ 670 milliards de FCFA, soit environ 1,08 milliard USD. Bien que ce chiffre marque une diminution de 8,6 % par rapport à 2023, où les RAP s’élevaient à 743 milliards de FCFA, il reste élevé et soulève des interrogations sur la durabilité de la politique budgétaire du pays.


 


Ces données sont issues du rapport publié par la Direction générale du Trésor, en collaboration avec la Coopération financière et monétaire du ministère des Finances, la Caisse autonome d’amortissement (CAA) et le Comité national de la dette publique. La note de conjoncture sur la dette publique, datée du 18 mars 2025, révèle les tendances et les dynamiques financières du pays au cours de l’année 2024. Bien que le montant total des RAP ait diminué, le phénomène reste préoccupant en raison de la nature des dettes concernées et de l’évolution inquiétante des délais de paiement.


 


L'un des éléments notables de cette analyse est la baisse des RAP entre 2023 et 2024, une tendance qui suggère une certaine gestion efficace des engagements budgétaires. Toutefois, cette baisse a été inégale, comme le souligne le rapport. En effet, entre juillet et septembre 2024, le volume des RAP a chuté à 559 milliards de FCFA, mais il a rapidement augmenté pour atteindre 646 milliards de FCFA dès le mois d’octobre. Finalement, à la clôture de l’exercice 2024, les RAP se sont stabilisés à 679,8 milliards de FCFA, selon des données provisoires.


Un autre facteur préoccupant est la hausse significative des RAP de plus de trois mois, qui ont été intégrés dans l’encours de la dette publique. En effet, ces dettes ont atteint 341,7 milliards de FCFA à la fin décembre 2024, contre seulement 161,5 milliards de FCFA l’année précédente, soit une augmentation de 111,5 %. Cette évolution est d’autant plus inquiétante que la réglementation en vigueur, notamment la réforme du Compte unique du Trésor adoptée en 2018, limite les délais de paiement à deux mois. Toutefois, la situation actuelle révèle une situation alarmante, avec des délais de paiement qui sont passés de 110 jours en 2018 à 160 jours en 2024. Cette augmentation des délais est due en grande partie à des non-décaissements des appuis budgétaires prévus pour le dernier trimestre 2024 dans le cadre des programmes en cours avec le Fonds Monétaire International (FMI).


Les restes à payer représentent les engagements de dépenses de l'État qui, bien que validés, n'ont pas été honorés à la fin de l'exercice budgétaire. Ces RAP concernent principalement les biens et services, les investissements, les fonds de contrepartie, les salaires du personnel, les transferts, ainsi que la dette intérieure. En termes simples, il s'agit de dépenses engagées par l'État, mais dont le paiement est reporté à l'exercice suivant. Ce mécanisme peut entraîner un effet boule de neige, où les paiements non effectués s'accumulent et affectent la solvabilité du pays.


Les RAP sont classifiés en trois catégories : l’engagement, qui correspond à la signature de contrats et l’obligation de payer ; la liquidation, qui vérifie et valide le montant des dépenses ; et le paiement, qui règle effectivement la dette. Ce processus peut sembler mécanique, mais la gestion inefficace de ces trois étapes constitue un fardeau pour les finances publiques, créant une incertitude qui affecte la capacité du gouvernement à honorer ses engagements à temps.


Alors que les autorités camerounaises cherchent à stabiliser la situation, la hausse des RAP de plus de trois mois soulève des questions cruciales sur la soutenabilité de la dette et l'efficacité des mécanismes budgétaires. L'engagement du gouvernement dans la régularisation des paiements est essentiel, mais il devra également aborder la question de la gestion des retards de paiement pour éviter une spirale d’endettement.


Les perspectives pour 2025 demeurent incertaines. Le pays devra faire face à des enjeux importants pour maintenir l'équilibre de ses finances publiques tout en honorant ses obligations de paiement. La réduction des RAP et la régularisation des paiements restent des priorités pour éviter un renchérissement des coûts financiers et une dégradation de la confiance des investisseurs.

Par Pamphile EBO

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