RDC: POURQUOI DES POURSUITES JUDICIAIRES CONTRE JOSEPH KABILA ?

Le climat politique en République démocratique du Congo se tend à nouveau. Un court séjour de l’ancien président Joseph Kabila à Goma, bastion occupé par les rebelles du M23, suscite une vive controverse. Ni images, ni preuves tangibles n’ont été présentées, mais Kinshasa monte déjà au créneau.
Dimanche soir, dans un communiqué au ton accusateur, le ministre de la Justice, Constant Mutamba, a annoncé des poursuites judiciaires contre Joseph Kabila et des membres de son parti, le PPRD. Il les accuse de « participation directe à l’agression rwandaise » via le mouvement rebelle M23, qualifié de « terroriste ». Il ordonne la saisie de leurs biens et restreint les déplacements des cadres du parti.
Le ministère de l’Intérieur est allé plus loin, suspendant toutes les activités du PPRD, dénonçant un « silence complice » et un « activisme avéré » de Kabila dans le conflit de l’Est.
Face à cette offensive, l’opposition réagit vivement. Ferdinand Kambere, cadre du PPRD, dénonce une dérive autoritaire :
« Ce sont des affabulations. Aucune preuve n’a été présentée sur la présence de Kabila à Goma. C’est une opération de diversion face à l’échec du pouvoir dans la gestion de la guerre »
Le parti assure que l’ancien président n’a pas foulé le sol de Goma et promet une réaction officielle prochainement.
Du côté de la société civile, l’Association africaine de défense des droits de l’Homme (ASADHO) appelle à la prudence. Jean-Claude Katende souligne la gravité des accusations :
« Ces poursuites nécessitent des preuves irréfutables. L’État ne peut pas agir sur la base de rumeurs »
Même son de cloche chez Christian Ndombo Moleka, analyste politique. Pour lui, cette offensive judiciaire vise à « neutraliser un adversaire politique ». Il s’interroge sur la légalité des mesures prises sans jugement préalable.
« La procédure semble dictée plus par la politique que par le droit »
estime-t-il sur RFI.