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AFRIQUE/JARDINS URBAINS:COMMENT NOURRIR LES VILLES?

AFRIQUE/JARDINS URBAINS:COMMENT NOURRIR LES VILLES?
Aujourd’hui, 55% de la population mondiale vit en zone urbaine, soit 4,2 milliards de personnes.

En 2050, le nombre de citadins devrait doubler pour atteindre près de 7 personnes sur 10. L’augmentation de la population urbaine s’accompagne d'un défi important, celui de nourrir ses habitants. La question de la souveraineté alimentaire soulevée en Europe par la guerre en Ukraine et les questions environnementales qui entourent l’acheminement des denrées alimentaires sont des sources d’inquiétude.

Le désir de connaître la traçabilité du produit et d’acheter en circuits dits «courts» poussent aussi les pouvoirs publics et les acteurs du secteur à réfléchir à la production des denrées locales. Elles motivent la réflexion sur l’autosuffisance des villes, sachant que cette économie alimentaire constitue le premier bassin d’emploi du continent africain. Mais dans quels jardins urbains faire pousser des fruits et des légumes quand le foncier est convoité de toutes parts ? Comment produire pour les villes ? Quelles solutions pour atteindre plus d’autonomie alimentaire et réduire les distances parcourues du champ à l’assiette ?  

 

Agriculture et son impact sur la santé

 

L’agriculture urbaine (AU) occupe une place importante dans l’économie des pays en voie de développement. À Dakar (Sénégal), elle assure 70 % de la demande en légumes ainsi que la création de milliers d’emplois directs et indirects. Malgré ce rôle économique et social très important, l’agriculture urbaine à Dakar est toutefois confrontée à deux problèmes majeurs : l’insécurité foncière et l’accès à l’eau. Pour faire face à ces contraintes, les producteurs ont recours à des pratiques qui ne sont pas sans conséquence sur l’environnement, leur santé et celle des populations. L’objectif de cette étude est d’analyser les impacts sanitaires de ces pratiques agricoles dans un contexte d’urbanisation continue.

Au terme de ce travail, cette recherche révèle que les pratiques agricoles observées dans les Niayes (zone agricole) de Dakar ont d’une part d’énormes impacts sur la santé des agriculteurs et des populations environnantes et d’autre part qu’à moyen terme ces impacts seront accentués par la forte urbanisation de la région. En effet, les pratiques agricoles actuelles dans la gestion de l’eau et l’utilisation des pesticides mises en perspective avec les modifications inhérentes à la forte urbanisation risquent de bouleverser les synergies spatiales existantes dans les systèmes de production en milieu urbain.

 

Nourrir des villes en expansion, un défi africain

Les micro-jardins fournissent l’alimentation essentielle aux familles urbaines avec un accès à de petits terrains et permettent souvent de produire un surplus qui peut être vendu pour générer des revenus supplémentaires. Au cours de la prochaine décennie, environ 80 % des pertes mondiales de superficies cultivables dues à l’urbanisation se produiront en Afrique et en Asie. En effet les villes en pleine croissance se développent sur des terres arables et la population urbaine d’Afrique subsaharienne devrait approcher les 600 millions d’ici 2030.

Parallèlement à cette croissance démographique, la demande alimentaire devrait augmenter de plus de 60 % d’ici 2050, les résidents des villes consommant une part plus importante de la valeur totale de nourriture et exigeant une alimentation plus variée que les consommateurs ruraux. Malgré cela, plus de la moitié des habitants des villes africaines sont de pauvres occupants de bidonvilles souffrant de niveaux élevés de malnutrition chronique.L’agriculture urbaine (AU) — soit la production de légumes, cultures et animaux d’élevage dans les villes et en périphérie — est très répandue en Afrique et joue un rôle essentiel dans l’alimentation des populations urbaines : 40 % des citadins africains pratiquent déjà une forme d’AU. Selon la FAO par exemple, la plus grande partie des légumes à feuilles consommés à Accra, Bangui, Brazzaville, Dakar, Ibadan, Kinshasa et Yaoundé — en tout plus de 22 millions d’habitants — est produite par l’agriculture urbaine et périurbaine. Lorsqu’elle est bien planifiée et gérée, l’AU peut fournir des produits frais, augmenter la diversité alimentaire, constituer une source de revenus et permettre le recyclage des déchets..

Par GLEN OSSUI

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