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INFLUENCEUR, LE NOUVEAU MÉTIER QUI FAIT LE BUZZ AU GABON

INFLUENCEUR, LE NOUVEAU MÉTIER QUI FAIT LE BUZZ AU GABON
Actuellement au Gabon, dès qu'un jeune se dote d'un téléphone et d'une connexion, c'est bon pour lui, il devient une star.

Anael Mevoung la candidate déchue du Bachelor,Princesse Téké et ses aventures, Andrée Morgan la petite Métisse que tous les Big du pays calculent, Créol la Diva dans son bruit, Uriel Abaga et ses fables,Linda Bongo Ondimba notre magistrate de Facebook,Yann OB son élément, Sean Bridon et sa richesse floue… La liste est longue pour énumérer tous les influenceurs et influenceuses qui dominent aujourd’hui le web et ses nombreux réseaux sociaux. Suivies, admirées, fantasmées sur YouTube, TikTok, Snapchat et autres, ces personnalités accompagnent les jeunes au quotidien et les inspirent dans leurs vocations professionnelles. Ces derniers seraient ainsi de plus en plus nombreux  à vouloir devenir influenceurs à leur tour.  Alors, pourquoi ce métier attire-t-il beaucoup plus les jeunes générations ? Et quelle réalité derrière cette utopie ?Parlons-en un peu

“Qu’est-ce que tu voudras faire quand tu seras grand ?” A cette question, enfants et ados ont de toute date répondu par des synonymes de “star”. Et chaque génération a son fantasme absolu.

« De la même manière que l’on a rêvé d’être chanteur avec la radio comme Arnold Djoud,Angèle Assélé ou acteur de cinéma avec la télé comme Philippe MORY, être influenceur est désormais le graal absolu car ce sont les réseaux sociaux qui dominent de nos jours », observe Franck Mouity,étudiant en Sociologie du travail à l'Université Omar Bongo.

Et de fait, impossible pour la génération actuelle de passer à côté. 

Que l’on soit à Akébé, au rond-point d’Awendjé,à Akanda,Owendo,dans les taxis, dans la queue en train d'attendre le "Ngori", les jeunes passent tout leur temps devant les écrans de leurs téléphones. La présence des influenceurs sur les différentes plateformes n’est donc que la continuité logique de leurs habitudes. A  force de les “côtoyer”, les frontières se brouillent et les plus jeunes s’identifient alors à leurs personnalités préférées, qu’ils perçoivent comme leur grand frère, leur grande sœur, leur ami. « Et puisqu’ils ont le sentiment de les connaître personnellement, tout en maîtrisant les mêmes outils qu’eux, vient la question fatidique du : pourquoi pas moi ? »

Et l’on assiste à de nouveaux artistes ou influenceurs,inspirés par les aînés, avec leurs styles particuliers et leur public ou encore followers qui les apprécient.

On peut citer pêle-mêle les humoristes Chambre à louer, Aude Esther qui aime crier "Venez Oh, Roméo que vous connaissez bien,Audy Lana Dove, Humelle Adzire la...bref les Fang de Makokou sont déjà à la Primature, Samhira,Eunice avec ses choses,Jack et son type Le Vieux Nzengue le Nzebi de Lastourville et les chanteurs aussi. Il s’agit beaucoup plus des artistes qui sont suivis et ont une influence certaine sur leurs followers.

En revanche être juste influenceur ne nécessite en apparence aucun talent particulier. Une simple connexion à Internet suffit pour se lancer. Logan Sicoli, plus connu sous le nom de “Logfive”, cumule à lui seul presque 2 millions d’abonnés sur TikTok après s’être lancé dans des sketchs sur une plateforme de partage de vidéos. Un succès tel qu’il lui a permis de quitter son CDI au sein d’une agence de communication en janvier dernier pour se consacrer entièrement à ses projets personnels. Pour l’influenceur de 25 ans, si l’attraction pour la sphère du digitale explose, on le doit aussi aux confinements.  L’arrivée de TikTok à un moment où les écrans ont été sursollicités par les plus jeunes n’est pas anodine et cet usage excessif a participé à accélérer la tendance.D’ailleurs s’il y a quelqu’un qui doit remercier notre chèr Coronavirus et son confinement c’est bien au Gabon, l’artiste l’Oiseau Rare.

 

C’est donc désormais tout un écosystème qui gravite autour des réseaux sociaux avec son lot de nouveaux métiers à la clé. Influenceur mais aussi, agent, spécialiste de stratégie d’influence pour les marques. Entre l’ampleur des audiences sur les réseaux sociaux, l’investissement financier des annonceurs et les débouchées qu’offre le marketing d’influence,  il serait bien que l’Etat pense à créer une école pour accompagner toutes ces nouvelles vocations. Ce sera donc un moyen de former ces derniers à ces nouvelles professions encore peu cadrées, mais aussi de leur donner les outils pour se démarquer dans un secteur plus bondé que jamais.Il n y a pas que les recrutements à l’Armée.

Aux Etats-Unis et en Chine par exemple ,de plus en plus de cursus forment au marketing d’influence depuis 2017.Voici des choses à imiter.

L’activité d’influenceurs sur les réseaux sociaux est un métier très convoité, suivi de près par celle de vidéaste sur youtube.  Les jeunes sont si nombreux à vouloir englober la profession qu’il est désormais rare de connaître l’ascension des plus grands à tous les coups. De façon générale , la capacité à émerger face à la totalité des comptes existants au Gabon paraît même infime si l’on considère qu’un maximum de 1 000 profils seraient aujourd’hui “influents”.  D’autant que parmi ces derniers, on retrouve aussi des artistes comme Shan’l,Sly’a, Donzer, des joueurs de foot, des médias… et même lorsqu’un compte se fait remarquer, il peut retomber dans l’oubli rapidement après. Il y a aussi  le cas de nouveaux influenceurs qui voient leur nombre d’abonnés chuter après un bad buzz ou par manque d’intérêt ou de régularité.On ne cite pas les contemporains pardon.

Et parfois le plus marrant est que dès qu’un jeune voit son nombre d’abonnés grimper, il pense qu’il est influenceur, il commence à avoir la grosse tête parfois il n’a même pas un seul rond en poche pour se prendre une galette au chocolat, il utilise le wifi de l’Assemblée nationale ou celui d’une autre administration se trouvant dans sa zone.On se connait à Libreville. 

Mais il y a une différence entre faire des vues et créer sa société.  Et si tout le monde peut poster une photo de ses vacances sur Facebook, rares sont ceux capables de s’assurer un revenu mensuel sur la durée. Sur l’ensemble des comptes dits “publics’’ qui peuvent potentiellement un jour se faire approcher par des marques, ils ne seraient pas nombreux à pouvoir en vivre. En tout cas Maguy Pucette Andeme à su tirer son épingle du jeu.

 

Pour gagner il faut avoir des marques, placer des produits à la technique du malicieux Pasteur Camille Makosso ou encore Clovis NZONG et la très sérieuse star Marimar.L’objectif ici est bien de travailler avec les annonceurs pour en tirer un bénéfice financier. Or ce n’est pas parce qu’une création de contenu est digitalisée qu’il est pertinent d’en tirer un partenariat. Et en effet, le risque quand on se lance dans ce métier sans avoir étudié le digital ou sans être passé par une entreprise avant, c’est d’avoir du mal à s’adapter au monde réel ensuite.Il faut donc maitriser comment ce monde fonctionne avoir une cible, savoir développer ses réseaux, à définir sa ligne éditoriale et à communiquer avec les marques. 

 Un métier à plein temps ou fragile?

Toutefois,encore fragile, l’émergence du secteur de l’influence dans notre époque n’a décidément rien d’anodin. En fait, l’influence c’est surtout un moyen de sortir du cadre en bossant autrement. Car au-delà de l’accessibilité apparente que constitue le métier, on retrouve aussi l’idée d’un travail qui traduit les désirs de toute une génération. À commencer par l’envie profonde de plus de liberté ,s’enfermer dans un bureau huit heures par jour, cinq jours sur sept, subir une hiérarchie, un patron est loin de correspondre à leurs attentes. L’influence apparaît alors comme un moyen de s’affranchir des contraintes du salariat une bonne fois pour toute. D’ailleurs, les nouvelles générations parviennent plus facilement à créer du contenu justement parce que des réseaux sociaux ne cessent de se créer pour encourager cette liberté de création. Il existe aujourd’hui des milliers de sous-catégories dans chaque plateforme qui permettent d’imaginer les nouveaux métiers de demain. 

Pour certains cela pourra devenir une profession à plein temps, pour d’autres une passion quelques années avant de passer à autre chose. Rien n’est fixé et c’est justement cette liberté qui peut effrayer, en comparaison avec l’univers très codifié du salariat. Mais au-delà d’une simple carrière sur le digital, les réseaux peuvent également s’avérer un tremplin pour s’ouvrir à d’autres vocations. En tout cas, tous ceux qui ont percé dans ce domaine ont toujours eu leur projet à côté.L’influence ouvre plein de portes, il ne faut pas en faire une finalité. 

Par Jeromiale ANGUE

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