Cela peut paraître anodin tant la cour de l’école Martine Oulabou est un endroit public où tout le monde peut venir organiser son événement. D’ailleurs c’est au Boulevard Jean Paul 2, un nom symbolique, celui du défunt pape qui nous avait rendus visite en 1982 que tout ceci s’est passé. Alors choisir un tel endroit ne peut être que pour des raisons pacifiques.Annoncer le retour dans un parti politique d’un ancien démissionnaire du même parti politique, est-ce un événement pacifique?

Nous sommes tentés de répondre par l’affirmative puisqu’il s’agit là de stopper l’adversité politique, d’extirper les sentiments politiquement antipathiques et rétablir un climat de paix entre le démissionnaire et son ancienne équipe.

Toutefois c’est l’avenue qui s’appelle Jean Paul 2, mais l’école dont la cour était le théâtre de l’évènement porte le nom de Martine Oulabou, oui elle voulait, elle aussi, la paix. Elle voulait que les enseignants travaillassent dans des bonnes conditions, mais elle a été tuée ,selon certains de ses collègues syndiqués, par une balle des forces de l’ordre, lors d’une manifestation syndicale à Libreville, et jusqu’ici sa famille n’a jamais obtenu justice malgré son combat pour que la vérité éclate au grand jour. Elle n’avait que 33 ans.Martine Oulabou représente le symbole de la lutte syndicale au Gabon. C’est donc à quelques pas du lieu où le sang de cette brave dame a coulé que Jean EYEGHE NDONG a annoncé son retour au Parti Démocratique Gabonais devant des invités de marque.En août 2021 il avait déjà quitté Jean Ping pour retrouver Ali Bongo Ondimba, puis il est nommé par le président de la République dans une nouvelle institution, le Haut-commissariat de la République. Dans la même période Alain-Claude Bilie-By-Nze disait dans une publication:

« Il y a de la clameur dans le ciel lorsqu'un enfant revient dans la maison du Père. Saluons donc le retour de toutes ces personnalités, mais n'oublions pas de lire ou de relire le Cheval de Troie. »

Une mise en garde du Premier Ministre, bien présent à cette déclaration du petit frère de Léon Mba qui avait abandonné son « fils » Ali  Bongo parce qu’il n’avait pas été choisi candidat du PDG en 2019 selon les règles du parti. Donc ce retour au « Parti-Etat » ne peut en aucun cas être une surprise pour ceux qui suivent l’actualité politique de notre pays. Il y avait déjà des signaux forts. 

Jean Eyeghe Ndong est-il sincère?Ali Bongo et sa team doivent-ils lui faire confiance?De toute façon JEN n’a jamais été contre Ali Bongo,il s’était tout juste opposé à la façon dont le président actuel avait été choisi par le Parti. Sa franchise,son honnêteté et son ton l’ont toujours caractérisé et fait qu’il soit apprécié par certaines personnes. Sa déclaration ,dans un lieu fortement symbolique où les syndicats et opposants se réunissent très souvent pour manifester leur mécontentement face à certaines dérives, pourrait traduire un message fort, symbolique, une envie d’exprimer un fait hautement républicain, une idée que personne d’autre ne peut comprendre, ni dans l’opposition,ni dans le PDG.

Politiquement il peut revendiquer une position ambiguë entre l’opposition et la majorité présidentielle. Idéologiquement, et surtout en répétant le mot « trahir » il y a dans son discours un trucd’inachevé, voire d’inavoué.

La démocratie que tout le monde semble connaître, il  a re-précisé ce concept comme s’il se reprochait de quelque chose. De plus,on a vu un homme qui ne pense qu’à lui contrairement à René NDEMEZO’O qui a parlé au nom d’un groupe, ses éléments du mouvement Démocratie Nouvelle,pas l’ensemble des gabonais. JEN n’a parlé qu’en « je » en se foutant complètement de tous ceux qui l’ont suivi dans l’opposition, ceux qui ont été frappé par les forces de l’ordre en 2016 pour avoir marché comme Martine Oulabou.

L’ancien Premier Ministre, dans une tiède rhétorique , n’ a pas été suffisamment persuasif quant à ses raisons à rentrer au PDG à 77 ans.En rencontrant Ali Bongo Ondimba, beaucoup de personnes pensaient qu’il prendrait la vice-présidence, en retournant au PDG, peut-être vise-t-il son poste de rêve, la mairie de Libreville.

Eyeghe NDONG est un viel homme, il a une certaine sagesse. Il ne prend rien à la légère, la dimension symbolique de l’école Martine OULABOU lui donne une cohérence spirituelle et physique. La dimension symbolique de ce lieu joue d´ailleurs un rôle d´autant plus grand dans la représentation de la dynamique et même la révolution de sa pensée. Mais en tant que leader du 2ème arrondissement c’est l’école qui est la plus proche de ses populations, c’est aussi une raison. Espérons que Martine OULABOU lui porte bonheur.

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