tvplusafrique

International

BURKINA FASO: EXPULSIONS DES CORRESPONDANTES DE "MONDE AFRIQUE" ET "LIBÉRATION"

BURKINA FASO:  EXPULSIONS DES CORRESPONDANTES DE "MONDE AFRIQUE" ET "LIBÉRATION"
Sophie Douce et Agnès Faivre ont été sommées de quitter Ouagadougou samedi 1er avril sans qu’aucun motif d’expulsion leur ait été notifié.

Sophie Douce, la correspondante du Monde Afrique, a été expulsée du Burkina Faso samedi 1er avril, en même temps qu’Agnès Faivre, la correspondante de Libération. La journaliste a appris qu’elle était sommée de quitter le pays sous vingt-quatre heures par des agents de la direction de la sûreté de l’État burkinabée. Ces derniers s’étaient présentés, en civil, au domicile de la journaliste, le samedi 1er avril au matin.

« On vient vous notifier verbalement que votre accréditation [qui permet d’exercer le métier de journaliste dans un pays] et votre carte de presse sont annulées. Vous avez vingt-quatre heures pour quitter le Burkina Faso »,

a déclaré l’un de ces agents. Aucun document officiel signifiant cette expulsion n’a été remis à Sophie Douce et à la direction du Monde, aucun motif n’a été signifié par les autorités burkinabées.

« C’est une notification verbale. Ça vient des autorités »,

a souligné l’un des deux agents. La veille au soir, la correspondante de Libération avait reçu la même visite et le même ordre.

Les deux journalistes avaient été convoquées dans l’après-midi du vendredi 31 mars à la direction de la sûreté de l’État, les services de renseignements burkinabés. Reçues séparément, elles avaient été interrogées sur leurs déplacements, leur travail au Burkina Faso et sur un article publié par LIBÉRATION le lundi 27 mars. Cette enquête révèle des exactions commises par l’armée : on y voit au moins un soldat burkinabé tué des enfants dans un camp militaire. La publication par Libération de cette enquête semble avoir fini par décider les autorités burkinabées à expulser les deux correspondantes, qui étaient toutes les deux en possession de visas et d’accréditations en règle.

Multiples atteintes à la liberté de la presse

La liberté de la presse ne cesse de se restreindre au Burkina Faso, depuis le coup d’État du capitaine Ibrahim Traoré, le 30 septembre 2022. En décembre, la diffusion en FM de Radio France Internationale (RFI) a été suspendue dans le pays ; lundi 27 mars, France 24, la chaîne de télévision du même groupe, France Médias Monde, a également vu sa diffusion interrompue, se voyant reprocher d’avoir interviewé, trois semaines auparavant, d’Abou Obeida Youssef Al-Annabi, le chef d’Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), l’un des groupes armés djihadistes en activité au Burkina Faso.

À l’image du président du Mali voisin, le colonel Assimi Goïta, arrivé lui aussi au pouvoir par un putsch, en mai 2021, Ibrahim Traoré fait peser une pression de plus en plus forte sur les médias et les voix critiques, notamment celles qui visent les actions de l’armée. Depuis son arrivée à la tête de l’Etat, les messages de haine et les appels à la violence contre les journalistes se multiplient. La presse, burkinabée comme internationale, a plusieurs fois été convoquée par le ministère de la communication, se voyant reprocher sa couverture de la lutte contre les groupes djihadistes. Elle a été mise en garde contre la diffusion de messages de « l’ennemi » ou d’informations pouvant « décourager » la population.

 

Par LINA WM

Top Articles