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PRÉSIDENTIELLE 2023: QUID DE LA QUESTION DES DÉTENUS DANS LES PROGRAMMES DES CANDIDATS ?

L'inauguration de la Maison d'Arrêt des Femmes (MAF), en 2022, reste sans doute le point le plus positif de ces dernières années à la Prison Centrale de Libreville tout comme les résultats de fin d'année aux différents examens locaux ou encore l'amélioration de l'aduction en eau . Mais la Prison Centrale de Libreville (PCL), qui est la plus grande maison d'arrêt et donc la vitrine des prisons du pays,demeure pour SOS Prisonniers "un grand corps malade."

Construite à l'origine, pour accueillir entre 300 et 500 détenus, la PCL abrite aujourd'hui une population qui fait près de 6 fois sa capacité normale d'accueil. En mars dernier alorsque les tribunaux étaient en grève , la population carcérale était de 3.880 détenus, soit 2.936 prévenus et 944 condamnés.L'article 551 du Code de Procédure Pénale prévoit que les détenus préventifs soient séparés des détenus condamnés. La réalité du terrain est autre : les détenus condamnés pour crimes sont dans les mêmes quartiers que ceux qui n'ont pas encore été jugés ou condamnés pour le délit de  vol ou  de consommation de cannabis.Le plus grand quartier de la PCL, en capacité d'effectifs, est la Prévention A (qu'on appelle aussi "Chine populaire") avec 709 détenus. Elle est constituée d'une cour de 100 m2, de deux douches et de deux WC. Ces quelques chiffres reflètent à eux seuls la dure réalité à la Prison Centrale de Libreville. 

Certains y sont depuis 10, 12 voire 14 ans sans être jugés en violation flagrante de la Constitution, de la présomption d’innocence, du droit de bénéficier d'un procès équitable et impartial dans un délai raisonnable. D'autres se retrouvent encore incarcérés alors que leur peine a expiré depuis plusieurs mois voire années. Et tout cela parce que les administrations pénitentiaire et judiciaire ne suivent pas correctement les dossiers des détenus.

Que dire de la ration alimentaire! Chaque détenu reçoit par jour une baguette de pain et une cuisse de poulet crue. Il lui revient de se débrouiller pour la faire cuire et ainsi pouvoir s'alimenter.En 2020, un détenu a perdu la vie au sein de la PCL. Nonobstant le rapport d’autopsie qui atteste qu'il a été victime de tortures, les tortionnaires ont été libérés après 6 jours de détention !

L'arrêté 0018/MJGS/CAB du 15 juillet 2014, portant règlement intérieur des Etablissements Pénitentiaires en République gabonaise, est sans cesse violé par l'administration pénitentiaire. En effet, les détenus sont punis sans conseil de discipline. Les détenus sont transférés de la PCL vers une prison de l'intérieur du pays sans conseil de discipline. Malheureusement, pour avoir dénoncé ces faits et d'autres encore, l'association SOS Prisonniers Gabon est désormais persona non grata à la Prison Centrale de Libreville, depuis un an. En effet, après avoir plusieurs fois reçu des menaces de la part de responsables de l'administration pénitentiaire, SPG s'est vu interdite d'accéder à la PCL.

Les interrogations de SOS Prisonniers:

À quelques jours de cette échéance électorale, plusieurs questions demeurent et méritent d'être posées aux différents candidats à la présidentielle :

- Quelle solution proposer pour lutter contre la surpopulation carcérale ?

- Une réforme de la politique pénale au Gabon est-elle prévue ? Si oui, laquelle ?

- Quelle réforme pour le droit à l'éducation en milieu carcéral, que fait-on des détenus qui obtiennent le Baccalauréat en milieu carcéral , peuvent- ils faire des études supérieures ?

- Que fait-on des agents de la sécurité pénitentiaire sans formation pédagogique mais qui réussissent à obtenir des résultats favorables aux détenus qui passent les examens scolaires en milieu carcéral ?

- Doit-on mettre en place un organe externe chargé de contrôler les prisons afin d'améliorer les conditions de détention ?

- Quelle politique de réinsertion des détenus mettre en œuvre?

- Quelles solutions adopter pour favoriser la formation des agents de la sécurité pénitentiaire aux droits humains ?

- Quelle place occupe le droit de vote des prisonniers ? Et quels mécanismes mettre en place pour y arriver ?

-Quelles propositions pour la mise en place des peines alternatives à l'emprisonnement ?

-Quelles solutions envisager afin d'assurer l'Indépendance de la Justice ?

- Quels mécanismes adopter concernant la protection des défenseurs des droits humains victimes des menaces et d'arrestations arbitraires?

-À quand la construction de prisons modernes répondant aux standards internationaux en matière de droits humains ?

Autant de questions sur lesquelles devront désormais se pencher le futur Président du Gabon . 

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