Son livre, Ils savent que je sais tout – Ma vie en Françafrique, coécrit avec le journaliste Frédéric Lejeal, dévoile des histoires fascinantes et parfois troublantes sur les liens entre la France et ses anciennes colonies africaines. Cet article explore les révélations de Bourgi, ses réflexions sur les relations franco-africaines, et les implications de ses expériences.

Une plongée dans les relations franco-africaines

Robert Bourgi, ancien conseiller politique, a été au cœur des interactions entre la France et plusieurs pays africains. Son expérience lui a permis de voir d'un œil privilégié comment les leaders africains et français ont collaboré, souvent en toute illégalité. Il décrit des rencontres avec des chefs d'État comme Omar Bongo et Denis Sassou Nguesso, où il a joué un rôle clé dans le financement des campagnes politiques.

Au fil des années, Bourgi a assisté à la manière dont les contributions financières des dirigeants africains ont été utilisées pour soutenir le parti gaulliste, notamment sous Jacques Chirac. Il raconte comment, après l'échec de Chirac aux élections présidentielles de 1981, ce dernier l'a contacté pour amorcer le "pompe financière".

Les mécanismes de financement

Les mécanismes de financement décrits par Bourgi sont à la fois simples et troublants. Selon lui, les chefs d'État africains décidaient des montants à donner, souvent jamais en dessous d'un million de dollars. Bourgi était chargé de transmettre ces fonds à Paris, souvent par l'intermédiaire de messagers. Ce système de contributions était bien rodé, et Bourgi affirme qu'il n'a jamais profité personnellement des fonds, se considérant comme un simple exécutant des ordres du président français.

Les relations avec Laurent Gbagbo

Un des épisodes les plus marquants de l'expérience de Bourgi concerne Laurent Gbagbo, l'ancien président de la Côte d'Ivoire. Bourgi raconte comment il a organisé un déjeuner entre Gbagbo et Dominique de Villepin, où il a encouragé Gbagbo à contribuer financièrement à la campagne de Chirac. Gbagbo, bien qu'initialement réticent, a finalement accepté de donner 3 millions de dollars.

Bourgi exprime des sentiments de trahison et de culpabilité lorsque Gbagbo a été renversé. Il décrit les relations entre Gbagbo et la France comme étant marquées par une ingratitude de la part des dirigeants français. Cette trahison, selon lui, a eu des conséquences dévastatrices non seulement pour Gbagbo, mais aussi pour lui-même et sa famille.

Les tensions avec Nicolas Sarkozy

Les relations de Bourgi avec Nicolas Sarkozy ont également été complexes. Alors que Sarkozy était président, Bourgi a été appelé à intervenir dans la crise ivoirienne. Il se souvient d'une conversation où Sarkozy lui a demandé d'appeler Gbagbo pour lui faire accepter un départ en échange d'un statut honorable et d'une compensation financière.

Lorsque Gbagbo a refusé de coopérer, Sarkozy aurait dit : “Je vais le vitrifier”, révélant ainsi une approche brutale et directe de la politique. Bourgi a été choqué par cette déclaration et a tenté de rappeler à Sarkozy que la situation était plus compliquée que cela.

Les répercussions de la Françafrique

Bourgi aborde également les implications plus larges de la Françafrique. Il reconnaît que, malgré la corruption et les pratiques illégales, ces relations ont apporté une certaine stabilité à la région. Cependant, il exprime des regrets concernant la façon dont ces pratiques ont évolué au fil du temps, conduisant à un désengagement de la France vis-à-vis de ses anciennes colonies.

Il observe avec tristesse la dégradation des relations entre la France et l'Afrique, notant que la France semble incapable de s'adapter aux nouvelles réalités globales. Le retrait des bases militaires françaises au Mali et au Niger est un exemple concret de cette évolution.

La quête de rédemption

À travers son livre, Bourgi cherche à laver sa conscience. Il admet que certaines de ses actions le hantent, mais il continue de justifier son rôle en tant que conseiller, affirmant qu'il a agi selon les demandes des présidents français. Il souligne que ses mémoires ne sont pas une défense de ses actions, mais plutôt une tentative de comprendre et d'expliquer un système complexe.

• Récit de trahison : Bourgi se sent complice d'une trahison envers Gbagbo.
• Régime de l'argent : Les fonds récoltés ont souvent été utilisés à des fins personnelles et politiques, sans transparence.

Les révélations de Robert Bourgi offrent un aperçu fascinant et dérangeant des relations entre la France et ses anciennes colonies africaines. Son témoignage met en lumière les mécanismes de financement occultes et les dynamiques de pouvoir qui ont caractérisé la Françafrique. Il soulève des questions cruciales sur la responsabilité, la trahison et la moralité dans les relations internationales.

Alors que la France fait face à une crise d'identité et à un désengagement croissant de l'Afrique, les réflexions de Bourgi servent de rappel des conséquences de ces relations tumultueuses. La Françafrique, bien qu'elle ait apporté une certaine stabilité, a également laissé un héritage de méfiance et de désillusion qui perdure encore aujourd'hui.

 

 

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