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BILIE-BY-NZE, UN PREMIER MINISTRE DÉCHU EN LIBERTÉ

BILIE-BY-NZE, UN PREMIER MINISTRE DÉCHU EN LIBERTÉ
Les récents coups d’État en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale ont mis en lumière des différences notables dans le traitement réservé aux premiers ministres des régimes déchus.

Les récents coups d’État en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale ont mis en lumière des différences notables dans le traitement réservé aux premiers ministres des régimes déchus. Une comparaison des situations au Mali, au Burkina Faso, au Niger et au Gabon révèle des divergences frappantes.

Par JR DJOUÉ DABANY ET SYDELLA NYMANE 

En août 2020, le Mali a été le théâtre d’un putsch qui a renversé le président Ibrahim Boubacar Keïta. Le premier ministre de l’époque, Boubou Cissé, a été rapidement arrêté par les militaires. Placé en détention, il est resté sous surveillance stricte, un traitement révélateur de la dureté des nouvelles autorités. 

Deux ans plus tard, au Burkina Faso, Albert Ouédraogo, alors chef du gouvernement sous Roch Marc Christian Kaboré, a connu un sort similaire. Lors de la prise de pouvoir par le capitaine Ibrahim Traoré, Ouédraogo a été arrêté, signifiant une nouvelle fois l’approche sévère des putschistes sahéliens.

Le coup d’État au Niger, en juillet 2023, a suivi la même trajectoire. Le premier ministre Ouhoumoudou Mahamadou a été isolé, placé sous une surveillance constante, tandis que les militaires mettaient fin au mandat de Mohamed Bazoum. La répression et le confinement ont marqué ces transitions violentes.

En revanche, au Gabon, le coup d’État d’août 2023, qui a mis fin à la présidence d’Ali Bongo Ondimba, a pris une tournure différente. Alain-Claude Bilie-By-Nze, alors premier ministre, a échappé à la détention. Ni arrêté, ni restreint dans ses déplacements, il a été libéré sans subir de pressions majeures. 

Aujourd’hui, il reste actif dans la sphère publique et continue de s’exprimer sur des sujets d’importance nationale. Lui et ses compagnons, via la plateforme Ensemble pour le Gabon qu’ils ont créée récemment, se sont opposés catégoriquement au projet de la nouvelle constitution gabonaise qui sera soumis au référendum dans quelques jours.

La stratégie de Bilie-By-Nze peut sembler payante, mais elle peut s'avérer dangereuse pour lui qui, il y a un an, était considéré comme l’un des dauphins présumés d’Ali Bongo, puisqu’il n’a jamais fait mystère de ses ambitions présidentielles.

Par son attitude jusqu’au-boutiste depuis la chute de son mentor, Alain-Claude Bilie-By-Nzé, aurait-il pris le risque de raviver de vieilles tensions. Omniprésent sur les chaînes de télévisions privées, l’ancien et dernier premier ministre d’Ali Bongo, joue-t-il des trouble-fêtes au référendum.

Sauf qu’entre le 30 août 2023 et novembre 2024, il y a eu beaucoup d’encre qui a coulé sous le pont. Ce populiste adoubé par ses anciens amis qu’il pourfende au passage, joue sur une corde raide. 

L’homme qui se présente comme la voix des mécontents remet en cause sans être inquiété la gestion des militaires. Mais s’il croit avoir du charisme à revendre, un verbe d’ailleurs qui tranche avec sa gestion antérieure, il devrait d’abord faire l bilan de nombreux projets qu’il a gérés lorsqu’il était ministre du ciel et de la terre, en changeant plusieurs fois de portefeuilles, tout d’abord sous Omar Bongo, puis sous le fils d’Omar. Se considère-t-il aujourd’hui comme un leader incontesté de l’opposition, au point de vouloir jouer les trublions ? Alors que la répression sévère est presque systématique dans le Sahel, le Gabon semble avoir pris un chemin de transition plus mesuré, où les anciens dirigeants civils ne sont ni systématiquement écartés ni réduits au silence.

 

Par Pamphile EBO

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