LE TORCHON BRÛLE ENTRE ASSURÉS ET PHARMACIES
Le torchon brûle entre les assurés de la CNAMGS et les pharmacies agréées. Depuis plusieurs semaines, la prise en charge des assurés de la Caisse nationale d’assurance maladie et de garantie sociale est en demi-teinte. Les malades, surtout les plus démunis, peinent à obtenir leurs médicaments. En cause, une dette colossale que la CNAMGS doit encore à plusieurs officines de Libreville, Owendo et Akanda.
« Je suis venue pour mes médicaments, mais on m’a fait comprendre qu’ils ne servaient plus avec la CNAMGS »
raconte une patiente atteinte d’un cancer. D’une voix fatiguée, elle ajoute :
« J’ai fait plus de cinq pharmacies. Je suis économiquement faible, je ne peux pas acheter mes traitements au comptant »
Comme elle, de nombreux assurés croupissent sous le poids des factures impayées et se sentent laissés à la merci de la mort.
Certaines pharmacies continuent, tant bien que mal, à servir les ordonnances CNAMGS, avec le risque de mettre bientôt la clé sous le paillasson. D’autres, étranglées de dettes, ont décidé d’arrêter complètement.
« Cette mesure n’a pas été prise de gaieté de cœur »
confie un pharmacien du centre-ville.
« Si nous continuons à servir sans être remboursés, nous aurons des problèmes avec nos fournisseurs. Nous sommes déjà dans une mauvaise passe »
Le thermomètre monte d’un cran dans les relations entre les deux parties, et la pomme de discorde reste la même : les paiements tardifs de la CNAMGS.
Du côté de la Caisse, le ton se veut apaisant. Un représentant syndical reconnaît les difficultés :
« La CNAMGS vit des contributions. Si certains contributeurs ne respectent pas leurs engagements, cela crée un effet domino sur nos prestataires »
Il assure toutefois que
« le président du conseil d’administration travaille avec les équipes pour une solution rapide »
En attendant, le système vacille. Patients en dents de scie, pharmacies en tourmente : l’équation est à plusieurs inconnues. Les discussions entre le directoire de la Caisse et les responsables des officines sont en cours, mais le temps presse.
« Nous espérons que cette situation ne se répétera plus »
glisse à Gabon1ère un assuré rencontré devant une pharmacie fermée.
Dans ce tourbillon de dettes et de frustrations, le secteur pharmaceutique gabonais tisse du mauvais coton. Et pendant que les officines comptent leurs pertes, les assurés, eux, comptent les jours sans traitement.