UN OBJECTIF DE CROISSANCE DE 7 %, VOIRE À DEUX CHIFFRES
Adopté par l’Assemblée nationale de Transition, le Projet de loi de finances (PLF) 2026 arrive à un moment historique du Gabon. Il s’agit du premier budget de la Ve République. Présenté par le ministre d’État de l’Économie et des Finances, Henri-Claude Oyima, ce texte se veut le socle du projet de société du Président de la République Brice Clotaire Oligui Nguema et affiche des ambitions très élevées : organiser l’avenir de l’économie nationale. Avec un budget fixé à 7 233,3 milliards de FCFA, le gouvernement espère impulser une nouvelle dynamique fondée sur la rigueur, la transparence et la transformation structurelle.
Réduire la dépendance aux hydrocarbures
Le PLF 2026 repose sur une volonté affirmée de diversifier l’économie et de réduire la dépendance aux hydrocarbures. Pour ce faire, il mise sur une hausse des investissements publics et une meilleure efficacité de la dépense publique. Le gouvernement fixe un objectif de croissance de 7 %, voire à deux chiffres. Un pari audacieux dans un contexte où les indicateurs économiques stagnent autour de 2,5 % par an.
Cependant, les institutions financières internationales restent prudentes. Le Fonds monétaire international (FMI) table sur une croissance de 2,6 %, tandis que la Banque africaine de développement (BAD) prévoit 2,2 %. Ce décalage souligne les défis structurels à surmonter, notamment la faiblesse de la diversification et la lenteur des réformes économiques.
Un paradoxe entre les ambitions de croissance et la stagnation des recettes
Si les députés saluent la pertinence des grandes orientations, le soutien reste prudent. Les membres de la Commission des Finances ont relevé un paradoxe entre les ambitions de croissance et la stagnation des recettes. Justine Judith Lekogo, rapporteure de la Commission, a pointé des
« insuffisances techniques et de cohérence »
dans le texte. Elle a appelé à une révision des hypothèses économiques de base.
En réponse, le ministre Oyima a défendu le réalisme et la concertation de sa démarche. Il a salué un « dialogue parlementaire exemplaire » illustrant la vitalité démocratique du pays.
61 milliards de FCFA destinés aux populations vulnérables, contre 11 milliards en 2025
Le PLF 2026 consacre une enveloppe renforcée au volet social, avec 61 milliards de FCFA destinés aux populations vulnérables, contre 11 milliards en 2025. Cette hausse traduit la volonté du gouvernement de concilier relance économique et justice sociale. Le ministre Oyima a insisté sur cet équilibre, rappelant que
« la politique économique s’élabore dans la transparence et le respect mutuel »
Un baromètre pour la nouvelle République
Qualifié d’acte fondateur de la Ve République, le budget 2026 servira de test pour évaluer la capacité du gouvernement à transformer les promesses en actes concrets. Sa réussite dépendra de la cohérence, de la rigueur et de la transparence dans son exécution. Ce premier budget devra prouver que l’ambition de modernisation peut aller de pair avec la stabilité et l’inclusion sociale.