PROMETTAIT DE PARTIR
Le Président de la transition guinéenne, le Général Mamadi Doumbouya, a officiellement déposé ce lundi 3 novembre 2025 son dossier de candidature devant la Cour suprême. Le chemin de la présidentielle du 28 décembre 2025 est désormais ouvert. Ce geste constitue un revirement majeur pour celui qui, en 2021, s’était engagé solennellement à ne jamais se présenter à une élection.
Un général déterminé à transformer sa légitimité militaire en mandat électif
Lorsqu’il prit le pouvoir par un coup d’État le 5 septembre 2021, renversant Alpha Condé, Mamadi Doumbouya avait fait de la « refondation de l’État » et de la « restauration de la démocratie » les piliers de sa transition. Trois ans plus tard, son choix de briguer la magistrature suprême confirme une évolution, voire une rupture, de ce discours initial. La promulgation, le 26 septembre 2025, d’une nouvelle Constitution avait déjà préparé le terrain. Le texte, adopté par référendum, porte le mandat présidentiel de cinq à sept ans et redéfinit les conditions d’éligibilité, ouvrant la voie à la candidature de l’actuel chef de la transition. En attendant la date limite du 3 novembre, les observateurs guinéens et étrangers pressentaient déjà ce scénario : celui d’un général déterminé à transformer sa légitimité militaire en mandat électif.
Ces critères ont considérablement réduit le champ des prétendants
Le processus électoral s’annonce particulièrement sélectif. Les candidats doivent réunir des parrainages régionaux et s’acquitter d’une caution record de 900 millions de francs guinéens, un montant inédit dans l’histoire du pays. Ces critères, jugés « dissuasifs » par plusieurs analystes, ont considérablement réduit le champ des prétendants. Sur plus de soixante déclarations d’intention initiales, seuls quelques dossiers, dont celui de Doumbouya, devraient être validés par la Cour suprême avant le 13 novembre.
L’impression d’un scrutin verrouillé
Le scrutin se déroulera sans les grandes figures de l’opposition historique. Ni Cellou Dalein Diallo (UFDG), ni Alpha Condé (RPG), ni Sidya Touré (UFR) ne figurent parmi les candidats. La nouvelle Constitution fixe une limite d’âge à 80 ans et exige une résidence permanente en Guinée, conditions que ces anciens leaders ne remplissent plus. À cela s’ajoutent les arrestations et exils d’opposants, qui renforcent l’impression d’un scrutin verrouillé.
Un pouvoir militaire sous un vernis civil
Avant le dépôt de la candidature présidentielle, huit autres personnalités, dont l’économiste Ousmane Kaba et l’ex-Premier ministre Lansana Kouyaté, avaient déjà remis leurs dossiers. Mais la présence du Général Doumbouya redéfinit les équilibres politiques : le 28 décembre, les électeurs guinéens ne choisiront pas seulement un président, mais jugeront aussi la promesse d’une transition devenue, peut-être, une continuité du pouvoir militaire sous un vernis civil.