AIDER LES GABONAIS FAIBLES
Le projet de loi de finances (PLF) 2026 souligne une véritable rupture dans la politique fiscale du Gabon. L’État entend digitaliser, automatiser et élargir la collecte des recettes pour porter le rendement fiscal à 17% du PIB, contre 14,3% en 2024, tout en réduisant la dépendance au pétrole. Selon le gouvernement, cette modernisation doit permettre au pays de sortir de l’ornière d’une fiscalité encore marquée par des pratiques manuelles et peu transparentes.
Réduire la fraude et les fausses déclarations
L’un des principaux changements concerne la bascule numérique du fisc. Le PLF impose désormais la facturation électronique pour toutes les entreprises réalisant plus de 30 millions de FCFA de chiffre d’affaires annuel. Chaque transaction devra être enregistrée dans un système certifié et interconnecté à la Direction Générale des Impôts (DGI). L’objectif est de réduire la fraude et les fausses déclarations, qui coûtent à l’État près de 150 milliards de FCFA par an, selon le ministère du Budget. La DGI espère ainsi augmenter ses recettes d’au moins 10% en 2026, soit près de 120 milliards de FCFA supplémentaires.
Une taxe d’accise de 5% sur les services de téléphonie mobile
Pour les PME, les commerçants structurés et les professions libérales, cette réforme implique cependant de nouveaux coûts liés aux équipements homologués, aux logiciels agréés, à la maintenance, à la formation et à la conformité administrative. Autre mesure majeure : une taxe d’accise de 5% sur les services de téléphonie mobile, applicable dès janvier 2026. Dans un pays où le taux de pénétration mobile dépasse 150%, cette mesure élargit mécaniquement l’assiette fiscale tout en frappant directement les foyers les plus connectés. Le gouvernement table sur 12 à 15 milliards de FCFA de recettes additionnelles, ce qui se traduira par une hausse d’environ 5% des factures télécoms pour les ménages urbains.
Ramener le sourire aux lèvres des Gabonais économiquement faibles
Le PLF prévoit également 40 milliards de FCFA d’allègements sur les produits de première nécessité, un geste qui devrait ramener le sourire dans les ménages modestes. Ces mesures donnent aussi ses lettres de noblesse à la politique sociale de l’État en ciblant ceux qui en ont le plus besoin. En revanche, les classes moyennes ne bénéficieront d’aucune réduction d’impôt sur le revenu ni d’exonérations spécifiques sur les carburants ou les transports, ce qui pourrait accroître la pression fiscale sur elles.
Un système fiscal moderne, traçable et conforme aux standards
Pour l’État, cette modernisation est incontournable. Le Gabon veut afficher un système fiscal moderne, traçable et conforme aux standards de transparence exigés par le FMI et la CEMAC. Mais cette ambition a un prix social : la fiscalité devient plus efficace, mais aussi plus intrusive dans un pays où les classes moyennes assurent déjà plus de 60% des recettes non pétrolières.