tvplusafrique

Culture

LES TIRAILLEURS,LE NOUVEAU FILM QUI REVIENT SUR LE LIEN FRANCE-AFRIQUE

57e9a9ea3ecd59e9a722.png
A l’occasion de la sortie en salle du film Tirailleurs de Mathieu Vadepied avec Omar Sy, l’Institut Français du Gabon a ouvert le débat, dans le cadre d'une conférence, sur les soldats issus des anciennes colonies françaises ayant combattu pour la France lors de la première et de la seconde guerre mondiale.

Cette conférence a été l’occasion d’aborder les enjeux mémoriels autour des Tirailleurs qui ont contribué à la libération de la France en faisant dialoguer spectateurs, experts et historiens tels que Magloire ABOURHOUET-BIGMANN, Universitaire retraité, spécialisé en Littérature africaine,Julien FARGETTAS, Historien et Directeur du service de la Loire de l’Office National des Combattants et des victimes de guerre,Marcel Robert N’TCHORERE, Président de la Fondation Capitaine Charles N’Tchoreré,Jean-François OWAYE, professeur Titulaire d’Histoire contemporaine à l’UOB, spécialisé en Histoire militaire et étude de la défense avec le Colonel Jean PEREZ, Conseiller militaire auprès du Chef d’Etat-Major général des forces armées gabonaises.Ces échanges ont permis d’éclairer la lanterne du public jeune et moins jeune sur l’impact réel de la participation de ces anciens combattants pendant les deux guerres mondiales.

UN PEU D'HISTOIRE

Il est à noter que les tirailleurs sénégalais apparaissent en 1857 sous le Second Empire. Le gouverneur du Sénégal, Louis Faidherbe, fonde le premier régiment de ces tirailleurs pour maintenir l'ordre dans la colonie. Ces soldats seront par la suite recrutés dans toute l'Afrique Noire française, malgré leur désignation générique de "Sénégalais".

Environ 200 000 d'entre eux sont recrutés au sein de l'armée française pendant la Première Guerre mondiale. 30 000 y perdront la vie. 180 000 seront à nouveau mobilisés en 1940, dont 40 000 connaîtront les combats lors de la bataille de France. Des tirailleurs sénégalais participeront également au combat lors du débarquement de Provence. Ils sont cependant "blanchis", remplacés par des soldats blancs au fur et à mesure de la libération.

Des indemnités gelées jusqu'à 2006

Ce conflit est également le théâtre du massacre de Thiaroye. En 1944, plusieurs unités de tirailleurs libérés des camps de prisonniers sont rassemblées à Thiaroye, un camp sénégalais. Les soldats démobilisés demandent le versement de leurs pensions . Le général Dagnan, après avoir vu son autorité s'effondrer au cours d'une rencontre avec les manifestants, organise alors un coup de force, engendrant entre 35 et 70 morts selon les différents bilans. Ce drame a fait l'objet d'une reconnaissance officielle par François Hollande en 2012.

Le rôle des tirailleurs continue après la Seconde Guerre mondiale, puisque des tirailleurs sénégalais participent aux guerres d'Indochine, à hauteur de 60 000 hommes (20 % des effectifs français) et d'Algérie. L'institution devient caduque après les indépendances africaines en 1960, et les tirailleurs sénégalais disparaissent entre 1960 et 1962.

Gel du montant des pensions de retraite

Ces soldats sont cependant touchés par la cristallisation de leurs pensions. Celle-ci, opérée sur tous les anciens combattants des ex-colonies françaises, gèle le montant des pensions de retraite, qui n'augmentent plus là où celles des anciens combattants français continuent de progresser.

Le film Indigènes, sorti en 2006, joue un rôle décisif dans l'abrogation de cette cristallisation, et les derniers tirailleurs sénégalais peuvent, depuis le 4 janvier 2023, toucher le minimum vieillesse depuis l'étranger. La quarantaine de vétérans encore en vie doit cependant toujours résider en France pour obtenir une pension d'invalidité et les allocations familiales.

Général Mangin, La Force noire Paris, Hachette, 1910, les…

Le futur général, qui participa à la mission Marchand, prononce dans ce livre un ardent plaidoyer pour faire de l’Afrique noire « le réservoir de la puissance française de demain » dans le contexte d’une guerre menaçante, voire attendue. Pour lui et ses collègues généraux « soudanais » ayant mené et achevé la conquête de « l’Afrique française » autour d’Archinard, cet impôt du sang relèverait « des obligations des sujets français sans impliquer de nouveaux droits civiques » et compenserait les effets désastreux de la crise de la natalité. De plus, ces soldats coloniaux « naturellement guerriers » formeraient des troupes de choc aussi irrésistibles que disciplinées.

La campagne est cependant loin de faire l’unanimité : une partie du camp colonial, dont les grandes maisons de commerce, s’oppose à des recrutements massifs qui les priveraient de main-d’œuvre ; l’armée d’Afrique et l’armée métropolitaine craignent la concurrence ; l’Allemagne crie au scandale sur le thème « c’est une honte pour une nation qui se dit civilisée d’opposer des sauvages à des hommes civilisés… ». Seul le parti socialiste s’oppose fermement au projet par la voix passionnée de Jaurès qui ne veut pas « jeter sur le champ de bataille une armée prétorienne au service de la bourgeoisie et du capital… ». 

L’histoire est longue et riche, prière de la revisiter.

 

 

Par LINA WM

Top Articles