Le président du Comité de transition pour la restauration des institutions (CTRI), Brice Clotaire Oligui Nguema, a procédé ce vendredi 6 octobre 2023, à la nomination des membres du parlement de la transition. Ces nominations suscitent beaucoup de regret et d’amertume. 
La Charte de la transition n’a pas été respectée. C’est le premier constat à dresser après ces nominations. La Charte disait que l’Assemblée nationale de transition devait avoir 50 membres et le Sénat 30 membres. Or, le Parlement qui été nommé vendredi compte 98 députés, soit un excès de 18 membres par rapport à l’article 45 de la Charte. En outre, 70 sénateurs ont été désignés, soit un excès de 20 membres au regard de ce que stipulait la Charte. Fallait-il autant de postes pour un pays qui traverse une passe difficile au plan économique et qui tend à réduire le train de vie de l’Etat  ? 

La seconde impression que donne cette liste de députés et de sénateurs c’est que le Parti démocratique gabonais (PDG) s’est taillé la part du lion par rapport aux autres partis. La Charte stipulait aussi que les personnalités qui devaient conduire la transition devaient avoir fait preuve de dignité, de mérite, transparence et d’intégrité. Ce qui n’est forcément pas le cas des personnalités qui ont été nommées ce 6 octobre 2023. Pourquoi avoir encore des personnalités qui ne sont pas des modèles d’exemplarité ? Plusieurs d’entre eux ont été dans de sales draps. Et beaucoup de Gabonais n’en veulent plus. D’où leur liesse quand l’ancien régime est tombé le 30 août 2023. Blaise Louembe, a été impliqué dans l’affaire des fourgons blindés surfacturés au Trésor Public. Il y a aussi Charles Otando, l’ancien ministre des finances et la mairesse d’Owendo, Jeanne Mbagou. Un ancien Premier ministre, Paul Biyoghe Mba, fait aussi partie de cette liste. Les ministres des derniers gouvernements avant la chute du 30 août 2023, qui avaient peu à peu réussi à mettre les vieux “dinosaures” au placard,  ont été oubliés.  Angélique Ngoma, Serge Mabiala, Régis Immongault, Josué Mbadinga, sont tous d’anciens ministres, qui reviennent aux affaires après des fortunes diverses. 
La question qui se pose est de savoir si ces personnalités ne vont pas tailler à leurs mesures les décisions qui seront prises durant la transition afin de laisser le champ libre à leur parti, le PDG, en renouant avec les vieux réflexes. 

Des personnalités issues de la diaspora

Mais tout n’est pour autant pas noir dans cette liste. Peut-être que le CTRI a voulu  faire du neuf avec du vieux. Il y a quand même des satisfactions. La présence des personnalités comme le musicien Marcel Djabio, des personnalités issues de la diaspora en France comme Charlotte Aboghe, un politicien virulent comme Séraphin Akoure Davin, figure de proue du parti d’opposition Les Démocrates, des leaders de la société civile comme Jean Valentin Leyama et Marcel Libama, laissent entrevoir une lueur d’espoir. Ces personnalités pourront-elles cependant avoir raison des caciques du PDG au sein des deux chambres du parlement de transition? Rien n’est moins sûr.

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