POURQUOI LE GABON PEINE À CONVAINCRE LES INVESTISSEURS DE LA CEMAC ?

La première fois, c’était le 29 avril 2024. Et la deuxième fois au 20 mai prochain, a-t-on informé dans une note d'Emrald Securities Services Bourse (ESS Bourse), arrangeur et Chef de file Principal de l'opération. Une nouvelle prorogation qui a pour but de donner plus de chances au Gabon de réussir à mobiliser les 150 milliards de FCFA émis auprès des investisseurs de la Cemac.
Cette seconde prorogation du délai des souscriptions traduit le manque d'intérêt des investisseurs de la zone pour cette opération de levée de fonds alors que le Gabon n'enregistre aucun défaut de paiement sur le marché des Valeurs du Trésor de la Banque des États de l'Afrique centrale (BEAC) et que ses titres présentent des taux d'intérêt attractifs, selon son ministre des Comptes publics, Charles M'ba.
Plusieurs raisons expliquent les difficultés éprouvées par le Gabon à lever des fonds sur le marché financier régional.
Le prolongement des souscriptions sur les emprunts obligataires de ces deux émetteurs de référence traduit met à nu les difficultés que le Gabon éprouve actuellement à lever des fonds sur le marché domestique de la CEMAC.
Le Gabon a pourtant été un expert en matière d’emprunt obligataire
Prévue pour s’achever le 29 mars 2024, la période de souscription sur l’emprunt obligataire de 150 milliards de Fcfa de la République du Gabon dénommé, « EOG 2024 A Tranches Multiples », a été repoussée d’un mois, c’est-à-dire au 29 avril 2024. Puis d’un nouveau moi, c’es-à-dire au 20 mai 2024. L’émetteur gabonais n'a pas fourni les raisons de ces prorogations qui, selon un expert du marché, traduit tout simplement le fait que le pays n’a pas obtenu dans les délais impartis l’enveloppe qu’il recherchait.
Pour certains observateurs, le coup d'État du 30 août 2024 peut refroidir les investisseurs. Sur ce point, Harvest Asset Management, le leader de la gestion de portefeuilles en zone Cemac avec un encours sous gestion de 260 milliards de FCFA à fin juin 2023, a déjà rassuré les investisseurs quant à la capacité du Gabon à tenir ses engagements sur le marché financier au lendemain dudit coup d'État, explique LE NOUVEAU GABON. Ce, grâce aux mécanismes en place dans la zone depuis plusieurs années pour garantir la confiance des investisseurs sur le marché de la Bourse des valeurs mobilières de l'Afrique centrale (Bvmac). De ce fait, la solvabilité et la crédibilité de la signature du pays ne sont pas jusqu'ici discutables malgré la situation politique encore précaire.
C’est la première fois que l’émetteur gabonais rate le coche. Ces dernières années, le Gabon avait plutôt brillé par sa réussite sur le marché régional de la dette. Deux hypothèses peuvent permettre d’expliquer cette contre-performance. La première est le contexte actuel du marché marqué par un resserrement agressif de la politique monétaire par la la Banque des Etats de l’Afrique centrale (BEAC), qui active tous les leviers pour ponctionner les excès de liquidités dans les coffres forts des banques. Après avoir relevé à plusieurs reprises ses taux directeurs, la BEAC a suspendu ses injections de liquidités.