LES RAISONS DES RETARDS DANS LE PAIEMENT DES BOURSES DES ÉTUDIANTS GABONAIS

Les étudiants gabonais, bien que dans l'attente de leurs bourses, doivent souvent composer avec des délais de paiement qui semblent ne jamais se terminer. Cette situation suscite légitimement des interrogations quant à la raison de cette persistance de retards. Dans une interview accordée à Clin d'oeil, Ruphin Djambou, directeur général de l’Agence Nationale des Bourses du Gabon (ANBG), dévoile les coulisses de ces retards, en soulignant les différents facteurs à l’origine de cette problématique.
Une dépendance à la trésorerie de l'État
Sans langue de bois Ruphin Djambou, explique que la principale cause de ces retards réside dans le fait que l'ANBG dépend directement du Trésor public gabonais pour le financement des bourses.
« Nous dépendons de la caisse commune de l'État. Lorsque nous faisons des demandes de paiement, nous n'avons pas de caisse propre »
explique-t-il. Concrètement, l’ANBG initie ce qu'on appelle des
"ordres de paiement"
mais leur réalisation est soumise à la disponibilité des fonds dans le Trésor public. Ce qui peut entraîner des délais importants.
Un processus complexe et administratif
Mais les retards ne sont pas uniquement dus à une question de liquidités. Ruphin Djambou met en lumière la complexité du processus administratif. Après la demande de paiement, les dossiers de bourses passent par plusieurs étapes bureaucratiques. Ils sont d’abord envoyés au contrôle budgétaire, puis transmis à l’agence comptable avant de parvenir à la Trésorerie centrale. La décision finale dépend de la disponibilité des fonds dans les caisses de l'État. Ce qui peut considérablement rallonger les délais.
Des retards liés à la transmission des documents
Une autre cause des retards pointée du doigt vient des étudiants eux-mêmes, qui parfois soumettent leurs dossiers avec du retard ou de manière incomplète.
« Pour faire les ordres de paiement, il nous faut des dossiers complets. Or, parfois, certains étudiants téléversent leurs documents en retard »
précise le directeur de l’ANBG. Cependant, il nuance en ajoutant qu’il est difficile de croire que tous les étudiants rencontrent ce problème.
« Je dis qu’il y a une partie qui reverse les dossiers en retard. Mais il est évident que cela ne concerne pas tous les étudiants »
assure-t-il.
L'exemple particulier du Maroc
L'une des situations les plus épineuses, selon Ruphin Djambou, concerne les paiements des bourses pour les étudiants gabonais au Maroc. Dans ce cas précis, le retard ne provient pas de la gestion interne de l'ANBG, mais d’un retard dans l’envoi des informations nécessaires à la finalisation des paiements. Le partenariat avec Smart Africa, qui gère les appels de fonds pour ces étudiants, a été perturbé par l’absence de détails précis sur les factures.
« Nous avons demandé à Smart Africa de nous envoyer les informations manquantes, et ces derniers sont arrivés en retard »
explique-t-il.
Une question de synchronisation entre les acteurs publics
Ruphin Djambou tient à préciser que les retards dans le paiement des bourses ne sont pas uniquement imputables à l'ANBG, mais à un système administratif plus large qui nécessite la coordination de multiples acteurs au sein de l'État.
« Ce n'est pas une question qui relève uniquement du Directeur Général de l'ANBG, mais de l'ensemble des administrations gabonaises »
insiste-t-il.
Pour les étudiants, ces explications pourraient offrir un aperçu des raisons structurelles derrière les retards, mais cela n'enlève rien aux désagréments occasionnés par ces délais. Il semble que la situation des bourses restera encore en travers de la gorge de plusieurs étudiants pour les mois à venir.