RECONDUCTION DES PROJETS IDENTIQUES D'UNE ANNÉE SUR L'AUTRE SANS REMISE EN CAUSE

Au cours d'une réunion avec les secrétaires généraux et les inspecteurs généraux, le Premier ministre gabonais, Raymond Ndong Sima, a exprimé de vives critiques concernant la gestion des crédits publics et la lenteur des réformes dans l'administration de l'État. À l'issue de la rencontre, il a déploré le manque d'efficacité et de rigueur dans la gestion des finances publiques, mettant en lumière les failles structurelles qui perdurent au sein du gouvernement.
Selon Raymond Ndong Sima, les inspecteurs généraux et leurs adjoints, ainsi que les secrétaires généraux et leurs adjoints, se concentrent souvent de manière excessive sur l'ouverture des crédits, reléguant au second plan l'importance de garantir que les procédures d'engagement des crédits soient scrupuleusement respectées. Pour lui, les crédits ne devraient constituer que la
"cinquième roue du carrosse"
intervenant en fin de processus, après que la justification des projets soit établie et leur exécution suffisamment avancée pour justifier les financements demandés. Il a mis en garde contre la précipitation observée lors de l'ouverture des crédits, un moment où, selon lui,
"tout le monde se précipite pour consommer du crédit"
sans même se soucier de l'efficacité des dépenses.
"Pourquoi consommer des crédits si l'on ne sait pas sur quoi on va les dépenser ? Quelle est l'efficacité de l'argent engagé pour tel ou tel projet ?"
a-t-il lancé avec une grande fermeté. Le Premier ministre a en outre souligné la nécessité d'un contrôle plus rigoureux de la part des inspecteurs généraux, qui doivent être en mesure de juger de l'efficacité des projets avant même que les crédits ne soient débloqués. Il a rappelé qu'un inspecteur général doit disposer d'une expérience solide, et que l'efficacité d'une gestion publique passe par l'expertise des individus chargés de surveiller les dépenses publiques.
Une autre critique majeure soulevée par Raymond Ndong Sima concerne le mode de construction du budget de l'État. Selon lui, la reconduction de projets identiques d'une année sur l'autre sans remise en question, et l'absence de visibilité sur l'origine et la gestion des crédits, posent un problème fondamental.
"Combien de projets sont reconduits à l'identique, et les ministres, souvent, découvrent à peine qu'ils ont été reconduits sans en connaître les origines ni les implications réelles"
a-t-il déploré. Le Premier ministre a insisté sur le rôle des inspecteurs généraux et adjoints qui par leur expertise, doivent identifier ces anomalies et en faire part de manière proactive.
Il a aussi évoqué un autre aspect essentiel du problème : la qualité des fonctionnaires au sein de l'administration gabonaise. Malgré un niveau de qualification jugé "très élevé" par Raymond Ndong Sima, force est de constater que l'administration ne fonctionne pas normalement.
"Nous avons placé les curseurs au mauvais endroit"
a-t-il analysé, ajoutant que ceux qui sont censés assumer des fonctions spécifiques "se défilent" et n'effectuent pas le travail pour lequel ils sont payés. Pour lui, une véritable réforme passe par un changement profond de mentalité et de management au sein de l’administration, en particulier dans les instances de contrôle comme l’Inspection générale.
Le Premier ministre n'a pas hésité à dénoncer la faiblesse du système en place et a souligné qu'il était impératif de confier ces responsabilités à des individus expérimentés et aguerris, capables de se confronter aux défis de la gestion publique sans crainte.
"L'inspection n'est pas un endroit pour les apprentis"
a-t-il insisté, précisant que les inspecteurs doivent être des personnes ayant accumulé une expérience suffisante pour comprendre les rouages du ministère et éviter les pièges administratifs.
Raymond Ndong Sima a souligné qu'une révision en profondeur du système était nécessaire pour éviter les "dérives" et les "mauvais virages" qui nuisent à l'efficacité de l'administration gabonaise. La gestion des crédits publics, a-t-il martelé, doit devenir un processus rigoureux, où la priorité est donnée à la vérification de l’utilité et de la viabilité des projets avant leur financement, et non à une consommation frénétique des crédits sans considération des résultats attendus.