TROP DE MENDIANTS DANS LES RUES DE LIBREVILLE

Souleymane, 63 ans est une personne à mobilité réduite : il est lépreux.Pourtant, sa femme et ses 8 enfants attendent chaque jour qu’il joue son rôle de chef de famille. Pour y parvenir, il a trouvé une solution : la mendicité. Plus qu’une activité passagère, c’est pour lui un métier. Il arrive à « son poste » aux alentours de la mosquée Hassan à 6 heures 30 et en retourne chez lui à 22 heures. Ce choix est stratégique : beaucoup de gens par ce lieu. Il leur demande de l’aide financière, assis derrière une petite assiette disposée à cet effet. Sous la pluie ou le soleil, Souleymane.
« Il y a des jours où je peux avoir 3000 F.cfa, des fois plus ou même moins. Cet argent je me sers de ça pour régler mes problèmes de famille », explique-t-il.
A quelque pas de lui, un autre mendiant, perclus, se déplace sur un patin à roulette. Il cible les automobilistes. Sa survie dépend de leur générosité. Il reste discret sur le montant de sa collecte journalière mais assure que cela lui permet de vivre. Comme eux, des dizaines de mendiants arpentent les rues de la capitale gabonaise pour quémander leur pain quotidien. Et cela rapporte. C’est du moins l’avis de Marie Obono et ses deux enfants qui ont pris leur quartier devant le Centre hospitalier universitaire de Libreville.
Edith Maganga, une passante,30 ans, ironise :
« Si ça ne payait pas du tout, pensez-vous que les gens seraient encore dans les rues à mendier ? Ils auraient trouvé autres choses à faire. »
Plus loin vers la place des fetes, d’autres mendiants regrettent que les Gabonais soient de moins en moins généreux. Vu le niveau de vie, ils affirment vouloir changer d’activités. La mendicité devient moins lucrative. D’autres l’ont compris. Pour s’en sortir, il faut se spécialiser. C’est ainsi qu’on observe de plus en plus dans la rue, des personnes qui, l’air bien portantes, se livrent à la mendicité. En général, ils posent un problème d’argent et sollicitent de l’aide. Les raisons évoquées varient : l’argent de taxi ou des médicaments à compléter, les enfants abandonnés à nourrir, etc. On se rend compte de la supercherie lorsqu’ en repassant à cet endroit on revoit la même personne qui repose le même problème à d’autres personnes.
Les abords des hôtels de luxes sont aussi très prisés des mendiants.
Aminata dit préférer cet endroit de la ville, car c’est un lieu pour riches et les dons sont importants. Le quadruple de ce qu’ils perçoivent ailleurs. Qu’adviendra-t-il de leurs activités aujourd’hui si l'Etat le stoppe.
Lorsqu’on sillonne les rues de Libreville, on rencontre plusieurs catégories de mendiants. Parmi eux, des handicapés physiques, des malades mentaux, et même des femmes traînant derrière elles des enfants. Mais ceux qui suscitent des interrogations, sont ceux qui sont apparemment en bonne santé, sont assis dans les bureaux et qui tendent aussi la main. Cette catégorie spéciale des mendiants est constituée des policiers et gendarmes qui tendent le panier, même si l’automobiliste n’a commis aucune infraction. De même, les fonctionnaires véreux font aussi partie de cette catégorie, car ils monnayent le service public. Cette forme de mendicité est généralement ce que nous appelons en d’autres termes: l’arnaque ou la corruption.
La mendicité s'est aussi modernisé ces dernières années au Gabon. Les hommes politiques y ont fait leur intrusion, sans peut-être le savoir. Les motions de soutien et de déférence au Chef de l’Etat, les marches de ceci ou de cela pour soutenir le Chef de l’Etat, le fait de paraphraser à temps et à contre temps le Président de la République, constituent autant de formes de mendicités qui ne disent pas leur nom.
Ces exemples montrent comment des citoyens peuvent utiliser des subterfuges pour jouer sur la sensibilité des autres. Nous ne disons pas que tous ceux qui arpentent les rues des villes du matin au soir pour chercher de quoi tromper leur faim sont des malhonnêtes. La majorité a un handicap réel qui fait d’eux des êtres dignes du soutien de la société.
A la chaîne des quémandeurs à la moralité douteuse, il faut ajouter ces enfants supposés être des enfants abandonnés. Ils donnent un visage encore plus laid à la mendicité. Voir des garçonnets de moins de 10 ans se lever avec le soleil, qui commencent à sillonner la ville à la collecte de jetons donne le haut le cœur. Pourtant aucune prescription ne recommande une telle mendicité . Au contraire. Ces sangsues doivent donc être combattus pour le mal qu’ils font à leurs semblables.
Quand vous abordez ces bambins, ils vous disent que leurs géniteurs ne vivent plus et qu'ils dorment au bord de la rue.