BILIE-BY-NZE: “CETTE CONSTITUTION DIVISE LES GABONAIS, ELLE EST MAUVAISE, IL FAUT LA JETER À LA POUBELLE"

Lors de sa conférence de presse du 10 mars 2025, Alain-Claude Bilie-By-Nze, candidat à l'élection présidentielle au Gabon, a fait des déclarations particulièrement virulentes contre le pouvoir militaire actuel et le Conseil de Transition et de Restauration des Institutions (CTRI), qu’il accuse d’avoir conduit le pays dans une situation de crise profonde. L'ancien Premier ministre d’Ali Bongo Ondimba, qui a lui-même été un acteur central du régime Bongo pendant de nombreuses années, n'a pas hésité à faire des critiques sévères, malgré son passé au sein de ce même système.
"Les fondamentaux républicains avec une constitution conçue pour un seul homme, sur mesure, et dont on va dire aujourd'hui qu'ils ont du mal à l'assumer, une constitution qui a implanté dans notre pays la xénophobie, le tribalisme. Cette constitution divise les Gabonais, elle est mauvaise, il faut la jeter à la poubelle"
a déclaré Bilie-By-Nze. Un jugement acerbe, d'autant plus frappant venant de l’ancien membre d’un gouvernement qui avait soutenu le coup d’Etat constitutionnel de 2023 qui avait vu la Constitution changer à 8 semaines de la présidentielle du 26 août 2023.
Bilie-By-Nze n’a pas épargné non plus le rôle des militaires et des magistrats dans les élections politiques, estimant que
"dans aucun pays au monde, une constitution n'a autorisé les militaires et les magistrats à être candidats aux élections politiques"
Selon lui, ce système a transformé les casernes
"en groupes d'animation"
Un affront à la mission fondamentale de l'armée, qui, pour lui, devrait être de protéger le pays et non de jouer à des jeux politiques.
Bilie-By-Nze a aussi dénoncé les graves violations des droits de l’homme, qualifiant de "tortures" ce qui se passe dans les prisons du pays. Il n'a pas hésité à pointer du doigt les exactions commises, notamment à la présidence, et le B2, un lieu tristement célèbre pour la brutalité de ses pratiques.
"L’armée n’est pas là pour les groupes d'animation dans les stades"
a-t-il insisté.
L’ancien Premier ministre a également mis en lumière les profondes injustices sociales qui gangrènent le Gabon, déplorant la pauvreté généralisée et le chômage endémique parmi la jeunesse gabonaise.
"La pauvreté n’a jamais été aussi grande, et je le dis en connaissance de cause. Je sais d'où je viens, je sais ce que j’ai rencontré"
a-t-il affirmé. Il a indiqué que la première préoccupation des jeunes Gabonais est de trouver un emploi.
"La jeunesse gabonaise ne peut pas être condamnée à être militaire, policier, ou conducteur de taxi"
a-t-il déploré.
Il a ensuite parlé de Brice Clotaire Oligui Nguema.
"Le général qui est à la tête de l'État et qui a improvisé un coup d'État entre les Gabonais sur ses intentions, il est la pire représentation de ce système"
a-t-il ajouté.
Il a conclu en déclarant que sa main ne tremblerait pas pour mettre fin à ce système.
"Je m'engage à tenir fermement la tronçonneuse pour couper ce système"
a-t-il martelé. Des déclarations d’une rare virulence.