Bangui, la capitale de la République Centrafricaine, a été le théâtre d’un grand rassemblement organisé le 30 mars 2025 par le Mouvement Cœurs Unis,  le parti au pouvoir. Cet événement marquait les neuf ans de l’accession de Faustin-Archange Touadéra à la présidence. Si, pour ses partisans, l’anniversaire de ce passage de témoin à la tête de l’État a été l’occasion de célébrer un bilan jugé positif, il a aussi ravivé une question persistante : le président sortant briguerait-il un troisième mandat lors de la présidentielle prévue en décembre ?

Le rassemblement a attiré une foule importante, avec des slogans de soutien à la candidature de Faustin-Archange Touadéra pour un troisième mandat. Plusieurs partis politiques, associations et représentants de la société civile se sont succédé pour lui exprimer leur souhait de le voir continuer à diriger le pays. Dans leurs discours, Touadéra était qualifié de « champion », de « Bâtisseur » et de « père de la nation », des titres qui illustrent la popularité du Président auprès de ses soutiens. Les interventions sur son bilan – marqué par sa première élection en 2016 et sa réélection en 2020 – ont été chaleureusement applaudies par la foule. Des tee-shirts floqués du slogan « Touadéra mon Président » étaient visibles ici et là, confirmant l’adhésion d’une partie de la population à la vision de son leadership.

Cependant, malgré cet enthousiasme, Faustin-Archange Touadéra a soigneusement évité de se prononcer sur la question épineuse d’une troisième candidature. Dans un discours de près d’une heure, le Président centrafricain a insisté sur son engagement dans son mandat actuel, affirmant qu’il

« se concentrait sur l’exercice de ses fonctions »

Pourtant, certains signes semblent suggérer que la possibilité d’une nouvelle candidature n’est pas à exclure. En effet, le ministre de l’Éducation et porte-parole de l’Union des Forces de l’Opposition (UFDO), Aurélien Simplice Zingas – ancien opposant rallié au pouvoir – n’a pas hésité à remettre une enveloppe de 2 millions de francs CFA au Président Faustin-Archange Touadera, contribuant ainsi à des fonds qui pourraient servir à la campagne électorale à venir. Ce geste a été interprété par certains comme une forme de soutien indirect à un éventuel troisième mandat.

De l’autre côté du spectre politique, l’opposition, regroupée autour du Bloc Républicain pour la Défense de la Constitution (BRDC), ne semble pas partager cet enthousiasme. Pour cette frange de la population, l’idée d’un troisième mandat de Touadéra est une ligne rouge qu’ils refusent de franchir. La révision constitutionnelle de 2023, qui a permis au Président de briguer un troisième mandat, fait l’objet d’une vive contestation. Les opposants prévoient une

« marche citoyenne et pacifique » ce vendredi 4 avril 2025 pour réclamer l’abrogation de cette nouvelle Constitution et le retour à celle de 2016, qui limitait le président à deux mandats. Initialement interdite, la manifestation a finalement été autorisée par le président, un geste qui pourrait symboliser une certaine volonté d’apaisement politique, mais aussi un calcul stratégique en vue des élections à venir.

Au-delà de l’ambiance électrique qui prévaut dans le pays, des échéances électorales importantes se profilent à l’horizon. En août, les élections locales et municipales, déjà reportées à deux reprises, devraient enfin se tenir, avant le grand rendez-vous de la présidentielle en décembre. 

Le suspense demeure donc entier. Si certains voient en Faustin-Archange Touadéra un leader incontournable et un garant de la stabilité, d’autres craignent que sa volonté de prolonger son pouvoir ne fragilise davantage un pays encore marqué par les cicatrices de la guerre civile et par une instabilité persistante. 

---