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PRÉSIDENTIELLE IVOIRIENNE : LE PDCI ET LE PPA-CI CLAQUENT LA PORTE DE LA CEI

PRÉSIDENTIELLE IVOIRIENNE : LE PDCI ET LE PPA-CI CLAQUENT LA PORTE DE LA CEI
À six mois d’une présidentielle déjà sous tension, le climat politique en Côte d’Ivoire s’est encore assombri.

À six mois d’une présidentielle déjà sous tension, le climat politique en Côte d’Ivoire s’est encore assombri. Vendredi 11 avril 2025, deux des principales forces de l’opposition, le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) de Tidjane Thiam et le Parti des peuples africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI) de Laurent Gbagbo, ont annoncé la suspension « jusqu’à nouvel ordre » de leur participation à la Commission électorale indépendante (CEI). En cause : de « graves irrégularités » dans la gestion du processus électoral et une défiance croissante à l’égard d’une institution jugée partiale.


C’est Bredoumy Soumaïla, porte-parole du PDCI, qui a donné le ton. Devant la presse, il a dénoncé l’« incapacité avérée » de la CEI à garantir des élections « justes, inclusives, transparentes et crédibles ». Le PDCI exige désormais l’ouverture urgente d’un dialogue politique, une réforme en profondeur de la CEI pour en assurer l’indépendance, et un audit complet du fichier électoral.


Un peu plus tôt, le PPA-CI avait pris une position similaire.


« Nous refusons de cautionner un processus électoral qui porte déjà les stigmates de l’exclusion, de la fraude et de la manipulation »


a fustigé Laurent Gbagbo dans un communiqué. Ces suspensions, bien que symboliques, marquent une rupture majeure dans la dynamique de préparation du scrutin présidentiel du 25 octobre.


La CEI, régulièrement accusée par l’opposition d’être inféodée au pouvoir, rejette catégoriquement ces accusations.


« Nous ne sommes inféodés à aucune chapelle politique. Notre rôle est d’appliquer les règles édictées par la Constitution et les lois de la République »


assurait encore récemment son président, Ibrahime Kuibiert Coulibaly. L’institution, composée de 18 membres dont neuf issus des partis politiques (cinq de l’opposition), se défend de toute partialité.


Mais la défiance s’accroît, d’autant plus que les candidatures des deux principales figures de l’opposition sont d’ores et déjà menacées.


Tidjane Thiam, ex-patron du Crédit Suisse, officiellement désigné candidat du PDCI le 16 avril prochain, voit son parcours jonché d’obstacles judiciaires. Sa renonciation à la nationalité française en février 2025– exigence constitutionnelle pour briguer la présidence – est désormais contestée. Une procédure portée par une militante de son propre parti a tenté de faire annuler son élection à la tête du PDCI. Le tribunal du Plateau s’est cependant déclaré incompétent ce 11 avril 2025.


Son avocat, Mathias Chichportich, se veut rassurant :


« Le président Thiam reste vigilant et déterminé à ce que le processus électoral se déroule dans un cadre loyal, inclusif et démocratique ».


De son côté, Laurent Gbagbo fait face à une exclusion plus directe : absent de la liste électorale provisoire en raison d’une condamnation pénale liée à la crise post-électorale de 2010-2011. Acquitté par la Cour pénale internationale, il demeure inéligible faute d’amnistie présidentielle.


« La CEI viole ses propres textes pour satisfaire les intérêts du pouvoir »


 accuse-t-il.


Pendant ce temps, le Président Alassane Ouattara, 83 ans, reste discret sur ses intentions. Bien qu’il ait exprimé en janvier son


« désir de continuer à servir son pays »


aucune déclaration officielle sur une éventuelle candidature n’a été faite. L’attente nourrit les spéculations, tandis que son parti prépare en coulisses une probable investiture.


Face à cette montée des tensions, des voix s’élèvent pour appeler à l’apaisement. Dans une interview à Jeune Afrique, l’évêque de Daloa et président de la Conférence épiscopale ivoirienne a plaidé pour


« l’intégration de tous les candidats »


dans le processus, afin d’« éviter aux Ivoiriens l’horreur des violences post-électorales ».


 

Par Pamphile EBO

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