REMBOURSEMENT

Une délégation de haut niveau du Fonds mondial de lutte contre le paludisme, le VIH et la tuberculose séjourne à Yaoundé. Conduite par Mark Edington, chef de la division des subventions de l’institution, cette mission revêt un caractère capital: passer en revue la gestion des subventions allouées au Cameroun entre 2021 et 2024. En toile de fond : de graves soupçons de malversations financières.
Partenaire du Cameroun depuis 2004, le Fonds mondial a investi plus de 655,8 milliards de FCFA dans la lutte contre trois des maladies les plus meurtrières. Pourtant, malgré cette coopération de longue haleine, les résultats sur le terrain sont éclipsés par des scandales à répétition. Ces derniers mois, des révélations accablantes ont mis à mal la crédibilité du pays dans la gestion de fonds destinés à la santé publique.
L’un des cas les plus emblématiques de ces dysfonctionnements concerne l’acquisition controversée de 238 congélateurs d’occasion, achetés dans le cadre de la riposte contre la pandémie de Covid-19. Des soupçons de détournements de fonds, d’achats surfacturés et de vols de médicaments pèsent sur plusieurs hauts responsables camerounais.
La mission de contrôle du Fonds mondial ne se limite pas à un simple audit financier. Elle s’inscrit dans une dynamique d’échanges soutenus avec les plus hautes sphères de l’administration camerounaise : la présidence de la République, les services du Premier ministre, le ministère de la Santé publique, ainsi que la Chambre des comptes et le Tribunal criminel spécial. Ces institutions sont au cœur de la gestion des fonds et de la reddition des comptes.
L’un des enjeux majeurs de cette mission est la mise en place d’un plan de remboursement des montants détournés. Le Fonds mondial entend également obtenir des engagements fermes sur les réformes à mener dans les domaines de la gouvernance financière, de la chaîne d’approvisionnement et du respect des normes sanitaires internationales.
En janvier 2024, dans le cadre de son 7ᵉ cycle de financement, le Fonds mondial a débloqué une nouvelle enveloppe de 46,5 milliards de FCFA. À cette somme s’ajoutent 37,2 milliards de FCFA versés via le mécanisme C19RM, mis en place pour renforcer les systèmes de santé face à la pandémie. Une manne financière importante, mais dont la gestion approximative suscite désormais des exigences plus strictes.
La suspension partielle des financements américains décidée par l’ancien président Donald Trump avait déjà provoqué un électrochoc dans la coopération sanitaire. Le Cameroun se doit désormais de rassurer ses partenaires et de restaurer la confiance internationale.
À travers cette mission, le Fonds mondial semble avoir atteint un point de rupture dans sa tolérance face aux dysfonctionnements répétés. Il s’agit d’identifier les responsabilités, de sanctionner les fautifs, et de garantir un usage rigoureux des fonds publics.