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EN DÉCOUDRE

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Un rassemblement pacifique annoncé, une répression préventive violente : le climat politique malien, déjà tendu, s’assombrit davantage à la veille de la mobilisation prévue ce vendredi 10 mai à Bamako.

Un rassemblement pacifique annoncé, une répression préventive violente : le climat politique malien, déjà tendu, s’assombrit davantage à la veille de la mobilisation prévue ce vendredi 10 mai à Bamako. Tandis que les partis politiques d’opposition entendaient protester contre la prolongation indéfinie de la Transition militaire et la menace de dissolution des partis, des membres influents du Conseil national de Transition (CNT) n’ont pas hésité à appeler publiquement à la violence pour faire barrage à la manifestation.


Sur les réseaux sociaux, les menaces sont explicites.


« Le rassemblement n’aura jamais lieu. Si vous sortez, il faudra marcher sur nos cadavres »


lance Moulaye Keita, membre du CNT et soutien déclaré de l’actuel pouvoir. Mamari Biton Coulibaly, autre membre du même organe, va plus loin, insinuant que seules les femmes et les enfants pourraient échapper aux représailles. Ces appels à la haine, diffusés en toute impunité, ont contraint les organisateurs à renoncer à la manifestation.


« Nous ne pouvions pas prendre le risque d’un bain de sang »


confie un ancien ministre, figure de proue de la mobilisation.


La place de l’Indépendance, cœur symbolique de la contestation citoyenne, restera donc vide ce vendredi. Une victoire à la Pyrrhus pour le régime, alors que les accusations d’intimidation ciblée se multiplient. Samedi 10 mai, au Palais de la Culture, puis le lendemain à la Maison de la Presse, des hommes présentés par l’opposition comme des « nervis » proches du pouvoir ont agressé verbalement et physiquement des manifestants pacifiques. Des témoins affirment avoir reconnu parmi eux des chargés de mission de la Primature, y compris un ancien conseiller de Choguel Maïga, fidèle à la junte.


Loin de condamner ces dérives, la justice a publié mardi un communiqué menaçant les auteurs « d’appels à la haine » et de « troubles à l’ordre public ». Le procureur général Hamadoun Guindo a tenté de nuancer en affirmant que l’avertissement visait « tous les camps ». Une position d’équilibre difficilement tenable alors que les preuves de partialité s’accumulent.


Le silence du gouvernement de transition, dirigé par le colonel Assimi Goïta, face à ce climat de violence, en dit long.


« C’est la première fois en cinq ans que les militaires sont frontalement contestés. Ils paniquent »


analyse un leader de l’opposition.


« Les appels à la violence ne sont pas seulement tolérés, ils sont instrumentalisés »


accuse Kadidia Fofana, présidente du mouvement d’opposition « Tous concernés » et des Forces vives de la diaspora.


Pour elle, la stratégie du pouvoir est d'empêcher toute contestation par la terreur, en dressant les citoyens les uns contre les autres.


« La Transition a créé deux camps : les patriotes et les apatrides. C’est une logique de division dangereuse, qui mène tout droit à la guerre civile»


 









Par Pamphile EBO

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