FLAMBEAU

Le départ d’Henri Claude Oyima de la présidence de la Fédération des Entreprises du Gabon (FEG), pour rejoindre le gouvernement comme « super ministre » de l’économie, des finances, du budget, de la dette et de la lutte contre la vie chère, a laissé libre un poste au patronat gabonais. Ce départ, bien que salué comme une reconnaissance de ses compétences, laisse vacante une fonction stratégique à l’heure où le tissu entrepreneurial du pays aspire à un second souffle. Une question s’impose dès lors : qui pour succéder à cette figure emblématique ?
Parmi les prétendants, Jean Baptiste Bikalou, président-directeur général de Pétrole Gabon, se distingue par une expérience managériale indéniable. Toutefois, son passage mitigé à la Chambre de commerce, considéré comme un échec malgré un soutien politique notable, ternit sa crédibilité. Sa stature demeure, mais les souvenirs de sa gouvernance pourraient jouer contre lui.
Autre nom en lice : Alain Claude Kouakoua, discret mais redoutablement influent. À la tête du groupe ACK, il a su construire un empire logistique, s’imposant comme un acteur économique majeur. Toutefois, cette puissance opérant dans l’ombre devra s’exposer, convaincre, et surtout rassembler au-delà de ses alliés traditionnels.
Quant à Léod Paul Batolo, actuel patron de la Comilog, sa maîtrise des enjeux industriels fait de lui un candidat sérieux. Cependant, n’étant pas actionnaire de l’entreprise qu’il dirige, sa marge de manœuvre et sa stabilité sur le long terme interrogent. La présidence de la FEG exige une autonomie que son poste ne garantit pas entièrement.
Face à ces figures traditionnelles, l’émergence d’Isabelle Essonghe apporte un vent de renouveau. Son parcours, hors des logiques d’appareil, séduit par sa clarté et sa cohérence. À la tête de CECA GADIS, elle a transformé une entreprise en difficulté en modèle de gestion rigoureuse. Son approche inclusive, son indépendance politique et sa proximité avec les réalités des PME en font une figure d’un patronat pragmatique et tourné vers l’action.
Enfin, l’ombre de Yann Franck Koubdje plane sur cette course. Proche conseiller financier du Président Oligui Nguema et fin connaisseur des arcanes budgétaires, sa nomination récente à la BEAC confère à sa candidature une crédibilité institutionnelle redoutable.
À la croisée des chemins, la FEG devra choisir entre continuité et rupture, influence et indépendance, représentation et efficacité. Le moment est peut-être venu d’oser un leadership de transition.