95 % DU PIB

Face à une dette publique qui frôle les 95 % du PIB, la République du Congo amorce un virage stratégique en concentrant ses efforts sur le remboursement de sa dette intérieure. Une manœuvre cruciale pour préserver l’équilibre budgétaire du pays et renforcer la soutenabilité de ses engagements financiers.
Selon les données publiées par la Caisse congolaise d’amortissement (CCA) dans sa situation mensuelle de février 2025, le Congo prévoit d’allouer 1 492,9 milliards de FCFA au service de sa dette entre mars et décembre 2025. Un montant conséquent, dont près de 81 %, soit 1 202,2 milliards de FCFA, sera affecté aux créanciers domestiques. La dette extérieure, quant à elle, mobilisera 290,4 milliards de FCFA, une part relativement modérée.
Ce choix d’orienter prioritairement les remboursements vers les acteurs locaux s’inscrit dans une logique de stabilisation financière. En effet, la dette intérieure, composée notamment de bons du Trésor, d’obligations, d’emprunts auprès de la BEAC ou encore de dettes sociales, connaît un profil d’amortissement particulièrement tendu en 2025. Le mois d’octobre s’annonce comme le plus critique, avec une échéance de 309,86 milliards de FCFA, dont 225,54 milliards au seul titre des bons du Trésor.
« Le profil de remboursement de la dette intérieure montre un pic de refinancement anticipé au cours de l’année 2025 »
alerte la CCA, qui anticipe une pression accrue sur les liquidités de l’État à cette période. En revanche, la dette extérieure, répartie entre créanciers bilatéraux (8,66 %), commerciaux (7,11 %) et multilatéraux (3,70 %), affiche un rythme de remboursement plus stable, limitant les risques de tension immédiate.
Cette dynamique pourrait permettre au Trésor public de mieux gérer ses flux de trésorerie et d’amortir les chocs sur les finances publiques. Consciente des enjeux, la CCA envisage déjà la mise en place de nouveaux mécanismes de financement, mieux calibrés aux réalités budgétaires du pays.
Mais l’enjeu est plus vaste. Avec une dette publique évaluée à 8 253,99 milliards de FCFA à fin février 2025, soit 94,74 % du PIB, le Congo dépasse largement le seuil d’endettement communautaire de la CEMAC, fixé à 70 %. Ce niveau appelle des réformes structurelles urgentes, dont certaines sont déjà en gestation.
Christian Yoka, ministre des Finances, du Budget et du Portefeuille public, se veut volontariste :
« Il nous faut réinventer notre rapport à la dette publique : en renforçant la soutenabilité de notre portefeuille d’engagements ; en structurant de nouveaux instruments de financement innovants compatibles avec nos capacités ; et en respectant rigoureusement les règles de transparence, de redevabilité et d’efficacité ».