DISPROPORTIONNÉ

Interrogé depuis Nantes (France) le 8 mai 2025 dans l’émission Direct Info animée par le rédacteur en chef de TV+Afrique Jean-Rovys Dabany, le Dr Jheff Nsogo Mouissi, docteur en histoire des relations internationales, a dénoncé avec vigueur les déséquilibres persistants du découpage électoral au Gabon. Selon lui, cette question cristallise les polémiques depuis des années en raison de son instrumentalisation politique par les anciens régimes.
« Il est hors de question de voir l’Estuaire, avec une démographie importante, disposer de 26 députés, pendant que le Haut-Ogooué, avec moins de la moitié de cette population, en compte 23 »
affirme-t-il. Ce déséquilibre flagrant a des conséquences majeures :
« Dans l’Estuaire, un député est élu avec environ 10.000 électeurs, contre seulement 500 dans le Haut-Ogooué »
précise-t-il.
Pour le chercheur, ce découpage est hérité d’un système politique ancien, pensé pour maintenir une majorité artificielle à l’Assemblée nationale. Il rappelle que le Haut-Ogooué, bastion du Parti démocratique gabonais (PDG) et fief de la famille Bongo, a historiquement bénéficié d’un avantage disproportionné, tout comme l’Ogooué-Lolo, autre zone stratégique pour le PDG.
« Le Gabon est devenu une sorte de famille politique où les cousins et cousines se passent le pouvoir »
ironise-t-il. Il appelle à une réforme en profondeur du découpage électoral avant toute élection législative. Pour lui, l’application des recommandations du dialogue national d’avril 2023 offre enfin une opportunité historique de refonder la représentation parlementaire sur des bases équitables et démographiques.