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REFUSENT DE PARTIR

REFUSENT DE PARTIR
Serge Tali, délégué spécial du 2ᵉ arrondissement, a conduit cette semaine une campagne de sensibilisation en direction des habitants, pour les avertir d’une imminente opération de déguerpissement.

Au lieu-dit Essassa Bisobinam (à 23 kilomètres de Libreville), situé dans le 2ᵉ arrondissement de la commune de Ntoum, la tension monte d’un cran. Dans une atmosphère pesante, Serge Tali, délégué spécial du 2ᵉ arrondissement, a conduit cette semaine une campagne de sensibilisation en direction des habitants, principalement pour les avertir d’une imminente opération de déguerpissement. Une opération qui fait grincer bien des dents.


Ce site, déclaré d’utilité publique (DUP) depuis plusieurs années, a été pourtant occupé de nouveau de manière anarchique, malgré une indemnisation des premiers habitants, intervenue aux alentours de 2015. Force est de constater que l'anarchie s’est peu à peu installée dans cette zone pourtant stratégique pour le développement de la commune.


Face à cette situation, Serge Tali n’a pas mâché ses mots :


« Nous venons pour sensibiliser les populations parce qu'elles ont déjà été indemnisées. Malheureusement, sur le terrain déclaré d'utilité publique, les squatteurs sont là. Donc, on vient pour éviter qu'il y ait plusieurs incompréhensions demain. On préfère déjà dire que dans un délai d'un mois, il faut qu'ils partent parce que les engins viendront, on va casser. L'État veut construire des écoles, l'État veut construire des hôpitaux, mais les gens habitent de manière illégale sur les propriétés de l'État. Comment on fait ? »


Des propos fermes, traduisant une posture inflexible face à ce que les autorités considèrent comme une occupation illégale, souvent facilitée par un réseau de vendeurs véreux. Essassa, aujourd’hui connectée à un réseau de ventes illicites, devient malgré elle la pierre d’achoppement entre les ambitions de l’État et les réalités sociales du terrain.


Dans la foulée, les habitants, pour la plupart arrivés après l’indemnisation officielle, ne sont pas au bout de leur peine. Beaucoup réitèrent les mêmes accusations, affirmant avoir acheté leurs terrains « légalement ». Une habitante, visiblement surprise par la tournure des événements, a confié :


« Je suis arrivée, ça fait peut-être deux ans, trois ans, j'ai acheté. Avec qui ? Avec une dame. Vous l'appelez ? Bonjour les enfants, je ne peux pas quitter comme ça »


Cette version des faits, aussi sincère soit-il, ne suffit pas à dissiper les zones d’ombre au tableau. Force est de reconnaître que plusieurs de ces habitants ont été grugés par des vendeurs peu scrupuleux, parfois à l’origine des déboires que connaît aujourd’hui cette communauté.


Pour Calixte Ntoutoume Nguema, ancien maire du 2ᵉ arrondissement, l’issue est connue d’avance. Il campe sur sa position et confirme l’effectivité des indemnisations :


« Il y a près de dix ans, ce site a été totalement indemnisé par Olam. À quelle période ? Aux environs de 2015. Les archives ne sont pas avec moi, les archives sont avec ceux qui ont payé, c'est-à-dire Olam et l’Agence nationale de l’urbanisme, des travaux topographiques et du cadastre (ANUTTC) qui a géré le dossier »


Le sort est donc scellé. Dans un délai désormais réduit, environ un mois, les occupants devront quitter les lieux pour laisser place à des projets de développement désormais dans leur phase définitive. L’attention est cristallisée sur cette opération, qui, si elle est mal conduite, va engendrer des effets néfastes aussi bien sur le plan social qu’urbanistique.


Pour les habitants d’Essassa, cette situation est une surprise de taille, et nombreux sont ceux dont le moral est en berne. La zone, autrefois calme, est aujourd’hui le théâtre d’un bras de fer, où chacun campe sur sa position, sans concession. Un travail d’investigation est désormais plus que nécessaire pour démêler les responsabilités et déterminer qui sont les vrais fossoyeurs du développement dans cette affaire. Pour l’heure, le tableau noir de la situation ne laisse guère présager une issue pacifique. 

Par Pamphile EBO

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