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MOBILISER LES RECETTES AVANT D’ENGAGER LES DÉPENSES

MOBILISER LES RECETTES AVANT D’ENGAGER LES DÉPENSES
Face aux députés, Henri-Claude Oyima, ministre d’État chargé de l’Économie et des Finances, a brisé le vernis.

C’est un discours qui tranche avec les habituelles circonlocutions ministérielles. Face aux députés, Henri-Claude Oyima, ministre d’État chargé de l’Économie et des Finances, a brisé le vernis. À l’heure du cadrage macroéconomique et budgétaire 2026-2028, il a clairement indiqué que le modèle économique du Gabon est grippé, et qu’il faut désormais opérer des réformes drastiques.


Avec une croissance qui plafonne autour de 2,5 % et un PIB par habitant divisé par deux en cinquante ans, le pays accuse un net repli. Le fossé entre les ambitions nationales et la réalité socio-économique devient presque infranchissable.


"Notre population augmente plus vite que notre économie"


a rappelé Henri-Claude Oyima. Résultat : chômage endémique chez les jeunes, vie chère, et une large frange de la population à la peine.


Sur le plan budgétaire, le tableau est tout aussi sombre. La baisse continue des recettes pétrolières, combinée à une masse salariale qui engloutit 45,6 % des recettes fiscales, met l’État sous haute surveillance.


« L’État dépense plus qu’il ne gagne réellement »


a asséné le ministre de l’Économie et des Finances. Resserrons les cordons de la bourse, semble-t-il dire, car le moment est venu de serrer la ceinture. La situation tourne au vinaigre et exige un redressement immédiat.


Face à cette impasse, Henri-Claude Oyima ne se contente pas d’un constat d’échec. Il déroule le tapis rouge à une refonte du paradigme économique national. L’objectif est de retrouver une croissance forte, inclusive et durable de 10 %, bâtie sur les secteurs non pétroliers. L’économie numérique, la transformation locale et la valorisation du patrimoine foncier deviennent les nouveaux fers de lance. Fini les reconductions automatiques de dépenses, place à un budget zéro, pensé comme pierre angulaire de la transformation économique.


Ce virage stratégique s’inscrit dans une stratégie de développement ambitieux, appuyé sur un Programme national de croissance et de développement. Le message consiste à faire bloc autour d’une nouvelle vision pour retrouver plusieurs longueurs d’avance. Le ministre appelle à aplanir les divergences et à replacer les recettes fiscales au cœur de la stratégie budgétaire.


« Ce sont les recettes qui fondent les dépenses »


explique-t-il.


"Cela signifie, concrètement que nous devons d’abord mobiliser les recettes avant d’engager les dépenses. C’est le principe selon lequel ce sont les recettes qui fondent les dépenses, et non l’inverse"


a indiqué l'hôte des parlementaires.


Le Gabon n’a désormais plus les cartes en mains pour tergiverser. Le modèle d’hier est à bout de souffle. La nouvelle classe politique et les forces vives doivent identifier de nouvelles sources de recettes, comme l’économie numérique ou une meilleure valorisation du patrimoine foncier, réorganiser la dette du pays, pour réduire la pression qu’elle exerce sur les marges de manœuvre budgétaires.


 

Par Pamphile EBO

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