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« IAN NGOULOU M’A DIT QUE JE N'ÉTAIS PLUS QU’UN CADAVRE EN SURSIS »

« IAN NGOULOU M’A DIT QUE JE N'ÉTAIS PLUS QU’UN CADAVRE EN SURSIS »
Brice Laccruche Alihanga, l’ancien directeur de cabinet du président déchu Ali Bongo Ondimba, a révélé au cours récente interview accordée au confrère Jeune Afrique, que Ian Ngoulou, le directeur de cabinet de Noureddin Bongo Valentin, est venu le narguer en prison à plusieurs reprises lui indiquant qu’il n’était plus qu’un cadavre en sursis.

 

Tout ce que Brice Laccruche Alihanga a obtenu dans sa vie a été confisqué par ceux qui l’ont envoyé en prison. Il a été dépouillé de tous ses biens acquis au prix de mille sacrifices notamment pendant qu’il a occupé des postes de responsabilité. Lorsqu’il était en prison des membres de la Young Team allaient régulièrement lui rendre visite. Ce n’était pas pour le caresser dans le sens du poil, c’était pour le narguer et le mépriser. Et lui montrer que leur pouvoir était illimité au Gabon.  Presque les larmes aux yeux, il évoque à Jeune Afrique, le moment où Ian Ngoulou, s’est mis devant lui, l’a regardé dans les yeux avec dédain et lui a carrément craché dessus. « J’ai à l’esprit un épisode précis : Ian Ngoulou, qui était directeur de cabinet de Noureddin Bongo Valentin, m’a fait extraire de ma cellule, en mai 2023, pour me dire qu’il était à l’origine de ma condamnation en correctionnelle, et qu’après les élections ils étaient convenus qu’ils me colleraient trente années de réclusion supplémentaires, car la justice, c’était eux ». 

Sylvia Bongo et sa clique affectionnaient lui administrer des tortures atroces 

Comme s'il était sur un piédestal, l'ancien directeur de cabinet de Noureddin Bongo Valentin, l’a dénigré en lui signifiant qu’il n’était plus qu’un loque vivante. « Ian Ngoulou m’a également indiqué ce jour-là qu’il habitait dans ma propre maison, que désormais c’était la sienne, et que je n’étais plus qu’un cadavre en sursis. Il semblait évident que lui, Noureddin et leur bande prenaient un malin plaisir à nous voir souffrir » . 

Le côté machiavélique et pervers de ses tortionnaires de la Young Team, avait atteint son paroxysme. «Une autre torture fut de nous mettre au supplice la nuit, dans nos cellules, nus et molestés sur les parties sensibles, tout en nous filmant et en menaçant de tuer les enfants de ceux d’entre nous qui répéteraient à l’extérieur ce que nous subissions. Voilà quelle a été notre vie durant ces quatre années, tout cela sur ordre de ceux qui, aujourd’hui, voudraient se faire passer pour des martyrs ». 

Pour Brice Laccruche Alihanga, Sylvia Bongo et son rejeton ne sont pas des enfants de chœur. Ils ne sont pas des martyrs. Ce sont eux les bourreaux qui l’ont mis au supplice pendant quatre années. Des années pendant lesquels il a quasiment servi de cobaille à des expériences de torture physique et psychologique. Il souligne qu’il a échappé in extremis à une démence. «L’isolement total de très longue durée est une épreuve que je ne souhaite à personne – certains deviennent fous».

Il a remercié les membres de la société civile, les anciens détenus, les ONG, les militants, les hommes politiques et tous ceux qui ont su dénoncer sa situation et celle de ses proches. Il a également exprimé sa gratitude envers l’administration militaire qui l’a gardé vivant alors et préservé son intégrité physique alors qu’ils avaient reçu des instructions de les rendre infirmes, invalides, handicapés et de les tuer. 

Pendant ces années de détention, Brice Laccruche Alihanga souligne qu’il n’a eu aucune nouvelle de sa famille. Son propre frère Grégory Laccruche Alihanga, qui avait lui aussi été arrêté, a été maintenu loin de lui exprès, et sa mère a fait deux AVC durant cette période. Sa compagne a été mise en liberté provisoire, avec interdiction de le voir durant quatre années. Ce qui n’était jamais arrivé auparavant dans le pays.

Un prisonnier ne peut pas être traité de façon aussi inhumaine. Un prisonnier a des droits selon les conventions nationales et internationales. Mais la bande à Sylvia Bongo n’a pas fait cas de cela.  

 

Par Pamphile EBO

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