INAUGURATION DE SA PREMIÈRE RAFFINERIE D'OR
Le Ghana a récemment franchi une étape importante pour s'imposer sur le marché mondial de l'or en inaugurant une nouvelle raffinerie de pointe, la Royal Ghana Gold Refinery, à Accra. Cette installation, capable de traiter jusqu’à 400 kilos d’or par jour et d’atteindre une pureté de 24 carats, marque la volonté du pays de valoriser ses ressources localement et de mieux contrôler la chaîne de valeur de son or, une richesse qui représentait en 2023 près de la moitié de ses exportations.
En inaugurant cette raffinerie, le vice-président Mahamudu Bawumia a souligné l'importance de la valorisation des ressources naturelles pour la stabilité économique. Raffiner l’or sur place pourrait permettre au Ghana de renforcer ses réserves de devises étrangères et d’améliorer sa balance de paiements, protégeant ainsi l'économie des fluctuations et des vulnérabilités externes, selon le gouverneur de la banque centrale, Ernest Addison.
Cependant, pour espérer vendre son or localement raffiné sur les marchés mondiaux, la Royal Ghana Gold Refinery devra obtenir la certification de la London Bullion Market Association (LBMA). Une condition indispensable pour accéder aux plus grandes places financières, mais qui impose une régularité de production sur trois années consécutives. « Assurer un volume constant et une qualité optimale à long terme est un défi de taille », précise Bright Simons, économiste et vice-président du think tank Imani, qui rappelle que plusieurs raffineries ghanéennes de plus grande taille n’ont pas encore obtenu cette certification.
L’obtention de cette certification n’est pas la seule difficulté. Le secteur du raffinage d'or au Ghana est limité par un manque chronique de capitaux. Selon Bright Simons, la rentabilité du raffinage d’or est relativement faible, ce qui décourage souvent les investissements nécessaires pour atteindre la capacité de production exigée. Le Ghana est certes le plus grand producteur d’or d’Afrique, mais la majorité de sa production est déjà exportée vers des raffineries étrangères certifiées LBMA. Les volumes restants, produits par des milliers de petites mines locales, ne sont pas forcément garantis pour les raffineries ghanéennes.
Godwin Armah, représentant du secteur, suggère des mesures incitatives pour encourager les petits mineurs à vendre leur production aux raffineries locales, comme des avantages fiscaux ou la mise en place de bureaux d’achat près des sites de production. Pour s'approvisionner durablement, le Ghana devra aussi résoudre le problème de traçabilité, une tâche ardue dans un pays où l'exploitation minière illégale reste répandue.
L’inauguration de cette raffinerie illustre le rêve de nombreux pays producteurs d’or africains : transformer leurs ressources au niveau national et capter plus de valeur ajoutée. Le Ghana se lance un défi de taille en investissant dans la transformation locale de son or. Si cette initiative réussit, elle pourrait servir de modèle pour d’autres nations africaines aspirant à une indépendance économique renforcée, en valorisant leurs ressources sur leur propre territoire.