LOI DE FINANCES 2025 : 16 INSTITUTIONS GOURMANDES
Poursuite des dépenses d’investissement décidées par le CTRI, régularisation des agents publics. À quelques semaines du référendum sur la nouvelle constitution, les autorités tentent de contenter l’électorat avec le projet de loi de finances rectificatives adopté en conseil des ministres. Un projet de loi qui explose au regard de certaines subventions accordées à 16 institutions que les experts jugent trop gourmandes.
Par Jr Djoué Dabany
En tête de peloton, l’Assemblée nationale, avec un effectif seulement de 439 agents, consomme plus de 7 milliards de FCFA. Arrive ensuite la présidence de la République, 1419 agents, plus 6 milliards de FCFA. Avec un budget équivalent à celui de la présidence, le Sénat avec ses 245 employés, à lui seul engloutie 6 milliards 135 millions de FCFA.
La Cour constitutionnelle et la Cour de cassation taillent plus de 3 milliards FCFA chacune contre plus de 5 milliards pour le Conseil d’État, le Conseil économique, social et environnemental, le Contrôle général de l’État et enfin la Commission nationale de lutte contre l’enrichissement illicite.
Par ailleurs, 5 institutions : la Haute autorité pour la communication, le Conseil national de la démocratie, la Médiature de la République, la Commission nationale des droits de l’homme et la Commission nationale de protection des données à caractère personnel consomme à eux seuls plus de 1 642 millions de FCFA.
Selon plusieurs observateurs, la réduction du train de vie de l’État n’est pas à l’ordre du jour des priorités des autorités de la Transition. Les multiples nominations en Conseil des ministres laissaient déjà entrevoir un renforcement des effectifs à la Présidence de la République.
Dans le projet de loi de Finances 2025, le nombre d’employés au Palais du Bord de mer passera de 1219 agents en 2024 à 1419 en 2025. Soit 200 agents de plus.
Ce renforcement des effectifs va nécessairement avoir un coût sur la masse salariale de la 1ère institution du pays. Celle-ci passera de 5,5 milliards de francs en 2024 à…6,2 milliards de francs en 2025. Soit 700 millions de francs de plus.
Pour rappel, le président déchu Ali Bongo Ondimba avait procédé lors du Conseil des ministres du 29 juin 2018, à un véritable coup de balai en réduisant de 40 % les effectifs pléthoriques de l’administration du Palais présidentiel. Une centaine de conseillers et autres avaient été tous remis à la disposition de leur administration d’origine.
Pour maintenir sa stratégie de réduction du déficit public, le gouvernement de la Transition cherche à faire des économies tous azimuts. Et prévoit de s'attaquer à un mastodonte de la dépense : la fonction publique. Les autorités ont ainsi lancé, le 25 octobre, une campagne de recensement des agents publics, qui fait suite à un récent audit conduit dans le but d’assainir les finances.
Cet audit a permis d’identifier « un peu plus de 13 000 agents publics qui sont en situation d’abandon manifeste de leur poste et continuent à percevoir indûment leur traitement chaque fin de mois », selon des chiffres publiés mi-septembre par la primature. Depuis, un nettoyage des fichiers a permis de ramener ce chiffre à 9 000 noms en écartant les morts, les retraités et les radiés, selon les responsables du recensement.
Le Gabon compte 109 267 fonctionnaires – pour une population d’environ 2,4 millions d’habitants –, selon des chiffres publiés en septembre, lors d’un colloque gouvernemental sur la fonction publique. Dans le nouveau budget adopté par le gouvernement de transition, la masse salariale de l’État est passée de 704 à plus de 771 milliards de F CFA entre 2023 et 2024.