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Justice

SANS FAMILLE PORTE BIEN SON NOM

SANS FAMILLE PORTE BIEN SON NOM
Dimanche dernier l'ancien détenu à la Prison centrale de Libreville, Bertrand Zibi Abeghe a rendu une visite à l'ONG S.O.S prisonnier. Une occasion pour ce dernier de mettre à nue les réalités de détention dans ladite prison encore appelée Sans Famille.

Quelques jours après sa sortie officielle de prison qui s'est déroulée le 13 septembre Bertrand Zibi Abeghe s'est rendue dans les locaux de l'ONG S.O.S Prisonnier pour exprimer sa reconnaissance envers cet organisme qui fait de son mieux pour venir en aide aux prisonniers de sans famille. Il convient de rappeler que ce dernier a purgé une peine de six ans pour instigation aux violences et voies de fait et détention illégale d’armes à feu. Dans la conscience collective il est un prisonnier politique, en effet il avait été arrêté dans le QG de l'opposant politique Jean Ping au début des violences post-électorale le 31 août 2016. Dimanche dernier lors de sa visite à S.O.S Prisonnier ce dernier a rendu un témoignage poignant sur les conditions de détention à la prison centrale de Libreville. Des révélations qui traduisent un véritable enfer sur terre pour les détenus qui pour certain y sont de manière injuste et abusive sans procès.

Bertrand Zibi Abeghe a souligné le fait que S.O.S prisonnier a été le premier interlocuteur des prisonniers gabonais, ces derniers apportent des présents aux prisonniers et ce malgré les multiples menaces et intimidations qu'ils reçoivent .Pour ce dernier la prison centrale de Libreville n'est ni une prison, ni un cachot mais plutôt l'enfer sur terre.

 

Les conditions de détention dans les quartiers

Pour y avoir passé six années consécutives dans ce lieu, Bertrand Zibi témoigne que les détenues de son rang, et ceux accusés de crime économique sont coupés du monde extérieur, les informations ne parviennent à eux que des mois plus tard. Une prison prévue pour 350 détenus se retrouve à abriter à elle seule plus de 4000 détenus, un effectif qui a lui seul traduit les dérives qui s'y passent. Par exemple le célèbre quartier de cette prison appelé la Chine populaire qui a une superficie de 20/20m2 pour une population carcérale de plus de 800 détenus. Ce quartier ne dispose que d'un seul vestiaire qui n'existe que de nom pour toutes ces personnes qui sont obligés d'effectuer de grandes prouesses pour se soulager. Les prisonniers de cette prison dorment à la belle étoile par manque d'espace d'accueil adéquat. Pour ce qui est de la ration des détenus gabonais, cette dernière ne cesse de diminuer quittant d'une cuisse de poulet diviser pour quatre personnes à une aile de poulet pour deux personnes. Les quartiers de haute sécurité ou disciplinaires où la violence est à son paroxysme et les prisonniers frôlent la mort au quotidien. Le quartier CB qui était jadis consacrés aux détenus condamnés à mort se caractérise par le fait que les détenus qui s'y trouvent perdent la notion du temps. En effet, il n'y a plus de repère pour distinguer le jour de la nuit car les murs sont faits en bêton de plus de 80 cm d'épaisseur, dans cette endroit Bertrand Zibi avoue avoir perdu 30% de sa vue en six mois. Les prisonniers qui s'y trouvent sont alors contraint de vivre avec pour seul vêtement des dessous tellement le niveau de chaleur est indescriptible. Dans cet endroit, les détenus meurent dans la pénombre sans susciter l'attention, la découverte de leur cadavre se fait lorsque le processus de décomposition est enclenché.

Ce qui traduit la grande négligence des gardiens de prison qui devraient en principe veiller à tout cela. Le quartier CA quant à lui renferme des malades mentaux et la violence en ce lieu est perpétuelle, le sang y coule de manière permanente.

Entre œil crevé et bras cassé les prisonniers de ce quartier n'ont plus qu'à attendre une intervention divine pour sortir de ce lieu sans blessures.

Il convient de souligner que la plupart des prisonniers de cette endroit souffrent du VIH/Sida, certains prisonniers se contaminent entre eux lors des rapports sexuels qui se font en échange des boîtes de sardine et d'autres denrées alimentaires.

Autant de déboires qu'enregistrent cette prison qui au fil du temps s'est transformé un véritable mouroir.

C'est pour cela que l'ancien prisonniers politique, Bertrand Zibi Abeghe invite les autorités à ouvrir les portes de la Prison centrale, aux différentes ONG et aux associations caritatives qui viennent en aide aux prisonniers pour permettre à ces derniers de bénéficier d'un peu d'humanisme.

Car il faut le dire, les conditions de vie dans cette prison sont inhumaines, abominables et cruelles.

Par MILEBOU IBINGA Marie Charlotte Nice

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