MAROC : UN RAPPORT ACCABLANT SUR LE DRAME DE MELILLA
Le récent rapport de l’Association marocaine des droits humains qualifie de crime ignoble le décès des 27 migrants de Melilla. Pointant sans détour la responsabilité des politiques migratoires mortifères de l'Espagne et du Maroc. l’ONG fustige principalement , « l’usage massif de gaz lacrymogène » par les policiers marocains et espagnols au moment où les migrants, en majorité des Soudanais, tentaient de pénétrer dans un poste-frontière exigu et fermé ou d’escalader une clôture métallique surmontée de barbelés.
“La décision d'attaquer violemment les demandeurs d'asile une fois arrivés à la barrière (séparant les territoires marocain et espagnol, ndlr) est sans doute la cause principale derrière le bilan très lourd”;
Dans un rapport préliminaire, le Conseil National des Droits de l'Homme (CNDH) organisme officiel marocain chargé d'enquêter sur le drame a conclu à la mort par "asphyxie mécanique" des migrants, principalement au niveau de la zone tampon du poste-frontière, équipée de tourniquets manuels permettant le passage d'une seule personne à la fois.
Son enquête a mis hors de cause les forces de l'ordre marocaines et pointé la responsabilité des autorités espagnoles qui ont maintenu fermé le porte-frontière.
Pour l'AMDH, la reprise de la coopération migratoire entre Rabat et Madrid, prix de la réconciliation scellée le 18 mars dernier après un an de brouille diplomatique, fait figure de principale accusée.
Elle a donné lieu à une "augmentation" des opérations de ratissage marocaines dans les forêts voisines de Melilla: plus de 30 entre avril et juin 2022 contre 37 pour toute l'année 2021.
Si Madrid et Rabat ont dénoncé l'implication de "réseaux de traite criminels" dans le drame du 24 juin, l'AMDH a rejeté ce "nouveau discours de criminalisation" des migrants.
Quand ces derniers tentent une traversée terrestre en escaladant des clôtures barbelées, ils "le font sans rien payer, contrairement à ceux qui la tentent par voie maritime.
Mardi, un premier groupe de 33 migrants arrêtés après le drame de Melilla a été condamné à Nador à 11 mois de prison ferme chacun pour "entrée illégale" au Maroc. 29 autres sont poursuivis devant la justice marocaine.
Le drame migratoire le plus meurtrier
Ce drame migratoire est le plus meurtrier jamais survenu lors des nombreuses tentatives de migrants de pénétrer dans Melilla et dans l'enclave espagnole voisine de Ceuta, les deux principales frontières terrestres de l'UE avec le continent africain.
Principale association indépendante de défense des droits humains au Maroc la section locale de l'Association, avec l'aide des familles des demandeurs d'asile, cherche toujours les proches disparus qui ont été recensé sur une liste de 64 demandeurs d'asile et qui sont portés disparus depuis le 24 juin.